Vingt-deuxième équipée

Une année calendaire, c’est comme un pot de confiture. Tu pensais l’avoir acheté hier et il est déjà fini. A l’opposé, il y a des trucs qui n’en finissent pas. Un exemple ? Penses un peu que Tony Bennett bêle encore. Et avec Diana Krall en plus… Moi, à la place d’Elvis Costello, je m’inquièterais. La femme à Tony, elle a quarante balais de moins que lui. Sa canadienne (pas la tente) à Elvis, elle est pile dans la tranche d’âge du sieur Benedetto et leur album s’appelle « Love is here to stay ». Et faut voir comme ils l’ont l’air intime sur la pochette. Mais l’honneur est sauf, on ne voit que le haut. Tout ça pour dire que j’ai fini l’année en roue libre faute de concerts méritant le détour, ou du moins le détour qui m’intéresse. Et puis les fêtes, le pérégrin a déjà donné. Il ne manquerait plus que j’aille à un réveillon en ville avec un orchestre de pingouins swinguant comme une flûte de crémant prête à choir sur le napperon de la table du salon. Non mais franchement…

Alors après la galette et avant les crêpes, au dix-huitième jour de l’année nouvelle où la sagesse veut que l’on stipule « qu’à la saint Pierre, l’hiver s’en va ou se resserre  », je revins vers le Périscope écouter le trio du pianiste et compositeur Fabrice Tarel, accompagné de sa nouvelle rythmique, à savoir Yann Phayphet à la contrebasse et Charles Clayette à la batterie, celle avec laquelle il a enregistré son nouvel album. Si le premier set eut de manière régulière des consonances e.s.tiennes, ce qui ne me fit pas frémir, les compositions actuelles du pianiste nous semblèrent plus complexes que par le passé. Adepte d’un discours aux formes renouvelées, Fabrice Tarel misa beaucoup sur la rupture et le crescendo et les trois musiciens se donnèrent à plein avec une précision convaincante. Le second set nous parut plus souple et mélodique et je fus à même d’apprécier cette densité nouvelle et la créativité qui l’accompagna. Toujours étonnant de justesse sur les tempi les plus lents, le pianiste démontra, si besoin était, sa capacité à faire vibrer la corde sensible des auditeurs qui n’en demandaient pas tant. Je dis cela et je ne dis rien, et je n’en ai pas la moindre idée… Toujours est-il qu’après un rappel sympathique, la soirée fut pliée et, dans la froidure hivernale, je ramenai le carrosse et ma fatigue à la maison afin de jeter un œil aux images de la soirée. Je ne le fis pas d’ailleurs mais c’était, je m’en souviens, un 18 janvier, jour qui vit en 1486 Henri Tudor, dit ronflette, épouser Elizabeth d’York dite Babeth aux beaux jambons. A ce qu’il parait, hein. Je ne fais que relater. Je ne voudrais pas me prendre en pleine poire un hasch tag moitié metoo, moitié vegan. Accessoirement vous pouvez également célébrer le centenaire de la « Conférence de la paix » dont on ressentit les effets vingt après. Mais c’est une toute autre histoire, avec un grand H ou une grande hache à broyer du vivant


Dans nos oreilles

Herb Ellis / Remo Palmier - Windflower


Devant nos yeux

Cécile Coulon - Les ronces


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