Sortie du CD : VIND

Jeudi 19 septembre 2019

Sortie officielle de VIND, le nouveau CD de Loïs Le Van, ce soir au Studio de l’Ermitage, lui au chant, Sandrine Marchetti au piano et Paul Jarret à la guitare et bidouilles électroniques. Bon, qu’on se dit mezzo voce, un piano et une guitare, c’est gonflé. Ne dit-on pas de ces deux instruments qu’ils jouent le même rôle, se font concurrence, redondent trop souvent ? Ouais ben non, pas ce soir. Marchetti et Jarret ont trouvé une solution élégante, pas conflictuelle, sans tweet trumpien : c’est à chacun son tour de se faire entendre, l’autre s’occupant de l’arrière-plan. Sauf sur un morceau joliment boiteux ( un 5/4 peut-être ? ) où le trio avancera à l’unisson, ce sera le cas de figure réitéré.

Le guitariste ouvre le set, un aveugle à qui on aurait fait la surprise de l’amener ici ne saurait dire s’il écoute une guitare ou un clavier électro. Avec l’invasion confondante du numérique, tu grattes une corde, tu entends une philharmonie de 200 musiciens. Donc un son, ténu, tenu, filé, filant et le piano qui entre sur la pointe des pieds sans marcher sur ceux du guitariste, dépose son intro mélodique comme on pose une porcelaine sur une table en marbre : en faisant attention, presque subrepticement. Et la voix. Simple, dépouillée, nue, sans vibrato dingue, sans affèterie, juste là, en suspension. Recto tono. Le climat est installé : soirée cosy, on ne casse pas la vaisselle, on boit à petites gorgées et on ne pète pas. Le tempo ne variera pas énormément, ce sera mollo mollo, le volume non plus, inutile de brider son sonotone ou d’installer des protections d’oreille, smooth ( en français : lisse, sans à-coups, en douceur, calme ), comme une série de ballades.
Le morceau le plus déjanté sera une manière de fugue où piano et guitare s’incrustent l’un dans l’autre, tissent, tricotent, brodent, l’un fait des jours que l’autre bouche, c’est très mimi.
On entendra lors de « l’instant Paul Jarret  » Le Van improviser sur la ligne mélodique, improviser c-à-d se passer de paroles et jouer avec le thème, sans trop s’en éloigner, plutôt en pratiquant un gromelot discret et retenu ; on entendra un chouette solo de piano, cette Sandrine rappelle Nathalie Lauriers, et aussi un long solo de guitare usant des bidouilles électro avec ingéniosité. Les instruments apportent au chant leur délicatesse et leur complicité évidentes. Avec charme discret, le piano enchaînera des accords-ponctuation sur un son filé de la guitare et on n’est pas loin du mood Brian Eno. Le Van ne joue pas dans la catégorie des déséquilibristes furieux tels Médéric Collignon ou Leïla Martial, ni dans la succession de Chet Baker, sa voix jeune ne porte pas ( encore ? ) quelque stigmate d’un abus de substances variées ou d’âge, il chante et ça a l’air tout simple.


Studio de l’Ermitage
Rue de l’Ermitage, 75020 Paris
https://www.studio-ermitage.com