Jazz dans les Prés
Ferme Culturelle du Bessin - 22 novembre 2019

Pour la clôture de cette nouvelle édition, en effet, le festival a décidé de rendre hommage à sa terre d’accueil avec un concert concocté pour l’occasion, au terme d’une résidence de quelques jours, par le Boujou Jazz Factory. Il est vrai qu’il avait été inauguré en mars dernier avec l’un des compagnons de route de l’ARFI (l’Association à la Recherche d’un Folklore Imaginaire), le lyonnais Louis Sclavis. Place au folklore normand en quelque sorte pour faire la fermeture.
Que des normands invités- comme il se doit ! Le guitariste Olivier Louvel, un premier temps désigné, avant sa tournée conséquente aux côtés du trompettiste Nicolas Folmer pour son hommage récent à Miles Davis, a dû céder sa place à un autre normand renommé, en la personne d’Emmanuel Bex. Retour aux sources également pour la flûtiste Ludivine Issambourg tandis que la chanteuse Elodie Saint, le contrebassiste Jean-Michel Charbonnel et le batteur Guillaume Chevillard complètent avantageusement ce Boujou Jazz Factory de circonstance.
Idée simple mais risquée que ce mélange jazz et tradition populaire. Il est vrai que le pianiste Emmanuel Duprey avait ouvert la voie dans les années 90 avec le Petit Marcelot, big band de musiciens normands puisant dans le répertoire régional également (nos deux amis caennais Bex et Duprey, s’étant d’ailleurs retrouvés en duo dans les foyers du Théâtre de Caen, il y a deux ans, avaient interprété précisément une composition de cette dernière formation). Folklore oblige : une leçon de patois normand s’impose ! Le contraste est saisissant aux premiers accords d’Emmanuel Bex et aux premières notes de Ludivine Issambourg. Dépaysements garantis par l’entremise des arrangements et des improvisations. Même le célèbre J’irai revoir ma Normandie réorchestré et réinterprété par la grâce de la chanteuse Élodie Saint retrouve une nouvelle jeunesse. Impression confirmée par les titres suivants, tel le À la mode de Caen, tandis que des textes ou des poèmes du et sur (le) terroir font l’objet d’improvisations en solo par les différents instrumentistes à tour de rôle. Le résultat séduit l’oreille. Et pourtant quels décalages avec l’orgue Hammond d’E. Bex et son vocodeur et la flûtebox de L. Issambourg sans compter le contrepoint apporté par la gestuelle de la chanteuse, abandonnant le masque bovin de son entrée en scène au profit d’ une souplesse plus féline. Et cette volonté modernisante vaut pour chacun des solistes, du solo de batterie de Guillaume Chevillard à celui de la contrebasse de Jean- Michel Charbonnel. Pour sûr, voilà des chants paysans bien dépaysants,tel cet air populaire J’ai vu le coucou associé à une mélodie inspirée de Take Five !
Après la célébration en première partie de la lande de Lessay, l’hymne de la région du Cotentin (Su la mé) vient conclure cette soirée quelque peu extravagante dans un lieu pas banal, cela ne s’invente pas, la Ferme Culturelle du Bessin, remplie pour l’occasion comme un œuf.
Pari tenu et une nouvelle fois gagné par l’équipe de Jazz dans les Prés qui a réuni une moyenne de 130 spectateurs (contre à peine 40 lors de la première saison, il y a 5ans) pour chacune de ses 29 dates étalées de mars à novembre dans des communes rurales, avec le soutien bien sûr, en premier chef, des organisateurs, des bénévoles et les biens nommés, partenaires territoriaux.

Boujou Jazz Factory

Ludivine Issambourg : flûte
Emmanuel Bex  : orgue
Élodie Saint : chant
Guillaume Chevillard  : batterie
Jean-Michel Charbonnel : contrebasse


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