Soixante-deuxième équipée

Je ne recule devant aucun sacrifice… A peine sorti d’un concert aux portes de l’incongru, voilà que le lendemain, je me jetai sans réfléchir dans un jazz funk mêlé de pop, d’électro et de disco, de culture Afro aussi. So what ? Le leader saxophoniste Olivier Temime et ses collègues, Emmanuel Duprey au piano et au Rhodes, Emmanuel Bex à l’orgue, Akim Bournane à la basse et Julien Charlet à la batterie sont The Volunteered Slaves. Comme c’est du quinze ans d’âge, il m’apparut flagrant que goûteux en bouche, ce serait. Et puis ce 23 février 2020 était ma seule disponibilité pour les trois jours de fête organisés par un Crescent mâconnais célébrant avec passion son quart de siècle. Accessoirement, le 23 février est aussi le jour de décès d’Alan Dawson (1929 – 1996), batteur éminemment méconnu qui fit les beaux jours du quartet de Dave Brubeck, il y a longtemps maintenant. Trêve de digression, le Crescent était assez plein pour un dimanche après-midi frôlant le printanier. Fait marquant, il y avait là une ribambelle de gamins. Du sang neuf dans un club de jazz, ce n’est pas tous les jours. Alors autant l’écrire. Face à eux sur scène, le quintet leur en mit plein les oreilles avec une vigueur de bon aloi et un plaisir notable d’être là et de faire cette musique-ci, à savoir le savant mélange évoqué plus haut dans ces lignes. Ce fut donc bien juteux et bien fun, punchy et carrément carré. Chacun des musiciens déroula puissamment, comme une grosse cylindrée en sortie de virage. Cela pétarada à la sauce festive et la thématique super sonore organisa le gigottement généralisé d’un public prêt à se laisser prendre par des rythmes féroces et des mélodies efficaces. Goûteux vous disais-je, et une fameuse idée pour clore soixante-douze heures festives fleurant bon le vignoble. Moi, je me contentai du premier set parce que Lyon, ce n’est pas la porte à côté, mais également parce qu’il m’a toujours été ardu de ne pas m’ennuyer un peu, un tout petit peu et plus, quand la musique est trop prévisible. Plus précisément, il y a comme une sorte de rebond perpétuel dans le funk qui martyrise mes neurones encore en activité. Qui sait si ce n’est pas mon câblage initial qui est incompatible avec ce type de musique. Je ne le saurai jamais, mais une chose demeure incontestable : j’ai passé l’âge de me forcer. Un set, même avec des esclaves volontaires et notoirement doués, ce fut un dosage musical acceptable et suffisant. Et comme disait Richard de Wallingford de temps en temps, «  ya pas de quoi chier une pendule à treize coups. » Et oui, je ne suis pas très sûr de la véracité de cette citation. Et oui, je m’en fous. Sur l’autoroute du retour, j’écoutai « Going, going, gone » de Bob Nobel Zimmerman. Je me demandai encore pourquoi cette chanson me plait plus que d’autres depuis toujours. La réponse de circonstance fut qu’elle n’est pas funky et que personne n’y joue du luth... Laughing out loud.


Dans nos oreilles

Pat Metheny - Offramp


Devant nos yeux

Marvin Tate - The amazing mister Orange


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