mardi 9 novembre 2021 à 20 h 00

Un arrêt à Caen, ce mardi 9 novembre s’imposait pour ce train du quartette où sont embarqués depuis près d’un an, le pianiste François Chesnel, le contrebassiste Frédéric Chiffoleau, le trompettiste Yoann Loustalot et le batteur Fred Pasqua puisqu’une première étape était prévue lors de la saison musicale passée et que l’un des éminents voyageurs, François Chesnel enseigne dans la classe- jazz de ce même Conservatoire de Caen. Bref, tout le monde était bien content d’être à la découverte de ce nouvel opus du quartette « Sleeper Train » qui succède à son « Old and New Songs ».
Un point commun entre ces deux enregistrements : des compositions compilées dans des univers et des temps différents, pour la plupart extérieurs au jazz.
Même démarche et mêmes protagonistes (à l’exception du batteur Christophe Marguet remplacé ici par Fred Pasqua), « Sleeper train » est constitué d’airs, de thèmes, de mélodies populaires le plus souvent rapportées de leurs voyages communs (ou respectifs) ou bien encore tout simplement de leurs rencontres. Autant dire que l’inspiration initiale est composite. Et pourtant, sur scène ainsi que sur le disque, l’interprétation collective homogénise cet ensemble varié et laisse clairement transparaître une sensibilté commune. Chacun “la joue collectif “, tel est l’impression qui s’impose à l’écoute de « Sleeper train ». Pas de prise véritable de soli, tout au plus un passage de témoin entre les musiciens. Les échos lyriques et mélancoliques par endroit de la trompette ou du bugle de Yoann Loustalot trouvent leur prolongement dans l’invention rythmique de François Chesnel qui emballe alors la machine. Ceci vaut pour la complicité avec le batteur et le contrebassiste dont leur contribution est autant mélodique que rythmique autant que faire se peut. Ainsi, le souffle impulsé par la trompette de Yoann Loustalot se prolonge-t-il, pour rebondir sous les doigts des trois autres comparses. Cette complicité musicale est la marque de fabrique de ce quartette, sinon comment comprendre que ces compositions venues de tous horizons (Mongolie, Écosse, Japon….) puissent, se fondre dans une inspiration commune ? Et l’émotion est au rendez-vous, au terme du voyage de ce train de nuit.
Certains, pourront regretter le manque de folie de la prestation du quartette. Il n’est pas certain que la démesure soit le but recherché ; on peut néanmoins admettre, qu’après une période de confinement sans concert, le groupe ait besoin de retrouver un peu de spontanéité avant de lâcher davantage la bride.