Jazz sous les Pommiers d’abord

Cette 27ème Nuit du Jazz était précédée-selon la toute récente tradition- de trois ans, par une présentation commune de Michel Dubourg pour le Théâtre de Caen et de Denis Le Bas pour le festival de la toute prochaine 42ème édition de Jazz sous les Pommiers qui se tiendra du 13 au 20 mai prochain.
Les grandes lignes restent inchangées ( jazz plutôt de l’Hexagone et musiques du monde), avec ses habitués ((Youn Sun Nah, Airelle Besson, Sophie Alour, Pierrick Pedron, Sylvain Rifflet…) ses résidents invités plusieurs années durant( Fidel Fourneyron, Théo Ceccaldi pour la période en cours) et quelques noms-phares ( Dee Dee Bridgewater, Marcus Miller) mais aussi des créations originales,( Keyle Eastwood et l’Ensemble de Basse Normandie, Fidel Fourneyron et l’Orchestre d’Harmonie de Coutances et Choeurs d’enfants) et enfin des formules inédites (Jean-Philppe Viret en trio avec ses enfants dans la cathédrale, Vincent Peirani et Emile Parisien dans l’abbatiale du Mont Saint-Michel.)
Comme on le voit, on ne change pas une formule qui marche.
Néanmoins on n’oubliera pas, pour les plus gourmets, Daniel Humair, Steve Coleman, Dominique Pifarely, le retour de Sixun…
Rendez-vous est donné à Coutances et sa cathédrale, comme toujours, la semaine de l’Ascension. A suivre donc.

La Nuit du Jazz ensuite

Qui constitue d’une certaine manière un quasi mini-festival annuel à Caen avec près de vingt concerts dans des lieux différents (Café Côté Cour,Foyers, Grande salle) et ses formations d’origines variables (régionale, nationale ,internationale)
et variées.
Elle avait pour premier invité le pianiste Tigran Hamasyan, et en vedette l’accordéoniste Richard Galliano, la grande salle du Théâtre a aisément fait le plein et affichait complet.

Pour commencer, le pianiste arménien de retour sur les lieux du crime de sa jeunesse, puisque c’est en compagnie des frères Moutin qu’il avait effectué sa première apparition sur la scène des Foyers du théâtre de Caen. Depuis les choses ont bien bougé. Sa carrière a pris une ampleur considérable et sa musique a emboité le pas, à moins que ce ne soit l’inverse. Du folklore arménien ,aux tentations du succès en passant par un disque chez ECM, ce pianiste prodige vient d’ajouter un retour aux standards. Ses qualités de pianiste virtuose sont toujours là, une improvisation à 100 à l’heure également mais le jeu a ses contraintes qui viennent parfois freiner l’ardeur du pianiste, Ainsi les le retour aux thèmes de Charlie Parker ou d’Henry Mancini qui servent de tremplin à son imagination vagabonde et galopante. Pas de relecture ici ( souvent prétentieuse) mais une réécriture des standards qui emballe le public qui suit et en redemande. Son inspiration débordante ( au point qu’on peine parfois à y « reconnaître les siens ») est « encadrée »i, l est vrai, par une rythmique avec à la contrebasse Rick Rosato et à la batterie le virevoltant Jonathan Pinson ( tous les deux ayant accompagnés, par ailleurs, le saxophoniste américain Mark Turner) qui fait passer plus aisément la rampe aux pérégrinations de notre pianiste véloce du soir.
Après Tigran Hamasyan Trio, Standart, place au Richard Galliano, New York Tango Trio

Si on peut avancer que le public a suivi, on peut également penser que le plus grand nombre était surtout venu pour voir le plus populaire accordéoniste français et pourvoyeur de tango argentin, Richard Galliano et entendre ses compositions ancrées dans la tradition du jazz tango.
Son trio composé du contrebassiste Diego Imbert et du guitariste manouche Adrien Moignard n’a pas déçu. Ses compositions nouvelles conservent la saveur de cet esprit du pays du tango Aussi bien ses compositions personnelles que ses digressions jamais ne s’en éloignent véritablement. C’est cette émotion originelle transmise par A. Piazzolla que notre accordéoniste et jazzman national reproduit avec talent, en y ajoutant outre sa pointe de jazz, ses accents musette en débarassé de certaines mièvreries qui nous le faisait souvent prendre en grippe.
Le »piano du pauvre » en changeant de continent s’est ainsi enrichi d’un imaginaire qui lui faisait défaut. Il devient dès lors facile de jouer la réconciliation de l’esprit tango et de l’esprit musette avec une toute parisienne « Javanaise » reprise en choeur par le public.
Le jazz tango ,c’est toujours l’émotion en plus garantie.

Et Feq New en fin
Les spectateurs pouvaient entendre également entre les deux concerts le quartette Feq New, à condition toutefois d’accéder au Café Côté Cour où on ( les services techniques ?) l’avait cantonné cette année au lieu des habituels Foyers qui nous permettaient d’assister au moins à un set durant l’entracte. Les plus courageux auront néanmoins pu entendre ces musiciens après le trio de Galliano autour de minuit, qui est aussi l’heure du jazz.

Tigran Hamasyan Trio, StandArt : Tigran Hamasyan piano, Rick Rosato contrebasse, Jonathan Pinson batterie

Richard Galliano, New York Tango Trio : Richard Galliano accordéon, Adrien Moignard guitare, Diego Imbert contrebasse

Feq New : Jérémy Bruger piano, Franck Enouf batterie, Laurent Meyer saxophones, Yoni Zelnik, basse


Photographies : Stéphane Barthod