Benjamin Sanz Quintet à Mâcon un dimanche en fin d’après-midi. Pourquoi pas ?
Dimanche 16 avril 2023
Tout contre l’église Saint Pierre (qui va à la messe perd sa fesse), dans le Crescent, il y avait en fin d’après-midi un batteur français inconnu de mes services mais fort bien entouré par d’autre inconnus si j’excepte le saxophoniste cubain Ricardo Izquierdo. Le public était là mais point trop. Le batteur et leader ayant fréquenté Archie Shepp, Oliver Lake, Joe Fonda et quelques autres du cru, je m’attendais à une musique flirtant avec les bordures et capable de les enjamber avec allant. De fait, le premier set fut beaucoup plus classique qu’attendu et il fallut patienter jusqu’au dernier titre pour que cela décollât et sortit d’un académisme, certes de belle facture, mais un peu trop convenu à mon goût. Le ton changea à la reprise du second set et certaines compositions se firent plus aventureuses, notamment dans leurs structures. Ici et là de beaux soli de chacun des musiciens donnèrent du plaisir à l’auditoire, moi compris. Je notai au passage la capacité du trompettiste à ne jamais pousser son instrument dans ses retranchements et installant ainsi des climats d’une belle douceur. Benjamin Sanz, en leader d’un véritable groupe, ne tira pas la couverture à lui et ne prit qu’un solo, ce qui est méritoire. Au final, l’ensemble ne fut pas désagréable mais je sentis que le quintet manquait un peu d’exercice, le nez collé dans les partoches. Un beau Darn that dream en rappel conclut l’affaire et chacun regagna ses pénates avant le journal du soir. Ce ne fut pas un concert mémorable, mais de toutes les manières, il est heureux d’avoir du jazz de qualité le dimanche et se plaindre serait idiot. Pendant se temps-là, il est à noter que Frederick Russell Jones, mieux connu sous le pseudonyme d’Ahmad Jamal, passait l’arme à gauche à l’âge raisonnable de 92 ans. Comme tout le monde j’ai aimé les disques de ses débuts et son retour flamboyant dans les années quatre-vingt-dix. Après, en toute honnêteté, je me suis un peu lassé. Ces derniers mots devraient suffire à me valoir les foudres des ultras, mais ai-je une tête à m’en inquiéter ? C’était un 16 avril franchement couvert et frais pour la saison. Ce même jour, en 1177 avant le crucifié, une éclipse totale aurait prétendument marqué le retour d’Ulysse auprès de Pénélope, son épouse et, très possiblement, la toute première ambassadrice de la marque Phildar. Étonnant, non ?
Benjamin Sanz : batterie
Hermon Mehari : trompette
Ricardo Izquierdo : saxophone ténor
Rob Clearfield : piano
Luca Fattorini : contrebasse