Samedi 15 avril 2023

Soirée jazz et ménagerie post-apocalyptique avec trois drôles d’oiseaux, du genre trublion, dans l’antre du chien à trois pattes. Quand je débute ainsi, sais-je où se finit la pérégrination ? Euh… Bien que le postulat soit nourri d’indices animaliers, ce ne fut ni un safari, ni une chasse à courre. Et pour faire court, j’eus le plaisir d’écouter un jazz bien chambré, un jazz décidé à éviter les étiquettes, une forme musicale déclinée en facettes d’associations animalières énigmatiques, de celles que l’on peut s’inventer au creux d’un onirisme insondable, pour peu que l’imagination prenne le pouvoir. Chacun des trois musiciens porta sa voix, les trois empruntèrent la même voie ; elle fut méandreuse à souhait, adepte du rebond, du coup de théâtre discret, joueuse fantasmatique encline par nature à l’hybridation. De cette forme d’interfécondité musicale, de ce brassage des genres, naquit un œcuménisme sonore en totale opposition avec l’esprit du temps qui ne veut voir qu’une tête et dénigre systématiquement la nuance et la complexité. Le saxophone baryton, le trombone et le Rhodes (là encore une étrange association) surent, en leurs âmes et consciences bien éduquées, chantourner une masse mélodique jusqu’à faire éclore un bestiaire harmonieux, fécondé par un imaginaire pour le moins poétique, à l’aise dans une songeuse utopie. Mais l’utopie étant visionnaire et de temps à autre une réalité à venir, j’en appelle aux générations futures pour faire bon accueil au choiseau, à l’éléphon à la tortache et autres bestioles, une faune visuellement créée par l’artiste Rama Taupia pour l’occasion. Quoi qu’il advienne, l’écoute de ce projet jazzo-zoologique eut lieu un 15 avril au Pêle-mêle Café de Montmerle sur Saône. Je note en passant (je ne transige pas avec ma tradition) que ce jour vit naître l’envahissant Léonard De Vinci (1452), le pénible Henry James (1843), l’investi Émile Durkeim (1858) et l’intemporelle Bessie Smith (1894) ; à croire que leurs parents respectifs étaient en congé la troisième semaine de juillet de l’année précédente. Et comment cela les vacances n’existaient pas ? Ah ! Toujours des questions…


Romain Dugelay ; saxophone baryton
Anne Quillier : Fendre Rhodes
Simon Girard : trombone


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