Du jazz à Cluny en dehors de Jazz Campus en Clunisois, c’est rare. Je ne me suis pas privé d’une sortie aussi dominicale que musicale.
Dimanche 03 0décembre 2023
Frank Woeste aime l’improvisation, sur scène comme dans la vie. Qu’elle soit partout dans la vie est à mon sens une évidence, mais il est bon de le rappeler à celles et ceux s’imaginant qu’un destin est écrit du premier au dernier souffle. Hier soir, au Théâtre des Arts de Cluny, il n’hésita pas à le dire au public et ce fut, comme souvent, utile. Pour quelques Libretto Dialogues avec Franck Agulhon d’abord, puis pour quelques morceaux avec des élèves du conservatoire de Mâcon et de l’école de musique de Cluny, lui et son acolyte batteur donnèrent une image du jazz participative, simple et souriante, dans une salle presque comble. Les deux musiciens débutèrent donc la fin d’après-midi avec ces thèmes minimalistes, conçus pour offrir l’espace nécessaire à la créativité improvisatrice, et je sus d’emblée que la connivence entre eux leur autorisait toutes les audaces ; ils ne se privèrent pas de le démontrer : tourner autour du thème, le retourner, le détourner, le chantourner (pourquoi pas ?), lui donner une nouvelle vie pour un instant et laisser une trace profonde sous le crâne des spectateurs. Cela parut d’autant plus simple à l’oreille que chaque pièce était mélodique en diable. Les voir échanger des regards collaboratifs démontrant l’intelligence musicale du projet accentua encore mon plaisir de chroniqueur qui ne s’était pas déplacer pour rien. Sans rappel et sans transition de fin de set, ils accueillirent sur scène les élèves de second cycle du conservatoire et Frank Woeste joua avec eux. Vint ensuite le tour des élèves du troisième cycle augmenté par les deux Fran(c)k pour un morceau emprunté à E.S.T. Avant le final avec les élèves de l’école de musique qui interprétèrent un titre du pianiste, Pocket rhapsody, Franck Agulhon tint à signaler à qu’il avait découvert le jazz adolescent, au vingtième siècle, lors d’un stage du festival qui s’appelait alors Jazz à Cluny (aujourd’hui Jazz Campus en Clunisois). Des applaudissements nourris dans une ambiance détendue achevèrent les débats, de quoi laisser un beau souvenir aux musiciens amateurs comme aux deux professionnels dont la présence chaleureuse à leur côté ne fut jamais démentie. C’était un trois décembre aussi frisquet qu’ensoleillé, jour qui vit naître Anton Webern (1883), Anna Freud (1895) et Nino Rota (1911). Rien que ça.
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