jeudi 14 décembre 2023

Après les escapades slovène et norvégienne de l’automne, dues au programme Footprints, j’assistai l’autre jour, avant d’envoyer les marrons dans la dinde et 2023 dans le passé, au dernier concert de l’année en circuit court bio local et tout et tout avec le Chien à 3 pattes, au Pêle-Mêle Café de Montmerle sur Saône. Au programme un quartet, TJT4, augmenté d’une vocaliste. Un quintet quoi ; un quintet avec un plus très jeune contrebassiste encore très vaillant et quatre gamins prêts à en découdre. Même si plusieurs d’entre eux composent, c’est le batteur qui mena les débats. L’affaire se déroula en deux sets devant un public participatif (une habitude chez le chien). La musique fut hybride (l’hybride est à la mode), pêchue et propice aux envolées lyriques. Elle montra également une certaine complexité dans la composition et je m’aperçois en écrivant que je ne saurai la placer dans une case, ce qui est plutôt bon signe. En front de scène la vocaliste et le saxophone alto mêlèrent souvent leurs voix sans s’emmêler. Derrière, la rythmique fut énergique et solide. Au milieu, le guitariste occupa l’espace restant avec quelques interventions bien senties. L’ensemble fut plus que cohérent malgré quelques approximations minimes, en aucun cas rédhibitoires. Ceci dit la masse sonore me parut trop volumineuse pour la salle et il me fut difficile de capter les subtilités de la vocaliste et du saxophoniste, ce qui fut un peu irritant, pour ne pas dire chiant. Mais l’imperfection est de ce monde et cela ne m’empêche pas de vivre. Manquerait plus que ça… En début de second set, une suite en quatre mouvements s’étira longuement avec pour particularité la pièce inaugurale empruntée et arrangée à l’ouverture du Parsifal de Wagner. Moi, Wagner, que ce soit un musicien ou une milice, cela ne me parle pas. C’est là que le jazz et sa raison d’être apparaissent nécessaires et salutaires. Ayant écouté le lendemain la fameuse ouverture en version originale, je vérifiai avec plaisir que les idées mènent le monde et qu’un bon jazzman peut transformer la lourdeur en légèreté ou du moins faire apprécier une balourdise ronflante en l’habillant (en la travestissant) au mieux grâce à une ingénieuse inventivité. Je préférai nettement le titre Carla, une sorte de mélodie joyeusement triste composée à chaud par le contrebassiste après le décès de dame Bley, reine au pays du jazz. C’était un 14 décembre, jour où Marie Stuart devint reine d’Écosse en 1542. Elle eut une fin précoce et plus douloureuse (le bourreau bourré s’y reprit à trois fois avec sa hache), mais elle réunit encore aujourd’hui écossais et français contre l’ennemi commun, le rosbeef pour ne pas le citer, avec lequel on s’aime et se déteste cordialement depuis des lustres. Vous vous en foutez ? Moi aussi, car le plus beau disque que j’ai écouté cette année est celui de Tori Freestone et Alcyona mick, deux musiciennes nées Outre-manche. Ah au fait, TJT4 signifie « tu joues trop four », ce que l’on reproche souvent au batteur selon ses propres dires. Dois-je écrire que je suis d’accord avec cette assertion ?


Luna Garcia-Odin : voix
Maxime Thomy : saxophone
Charles Paillet : guitare
Ben Guyot : contrebasse
Julien Ducruet : batterie


http://www.chien3pattes.com/