FMR Orchestra sur scène, pas si éphémère que cela.
Six lascars ( orchestre non mixte mais pas viriliste ) forment l’FMR Orchestra pour une session pas si éphémère que ça puisque étendue à deux sets et gravée dans un CD sur le point de sortir : le taulier Jérôme LEFEBVRE, guitare et compositions, une robuste et intense rythmique forte de Benoît KELLER contrebasse et Daniel JEAND’HEUR batterie, un pupitre de souffleurs avec Timothée QUOST bugle, trompette, bidouilles électro, Loïc VERGNAUX clarinette sib et basse et Guillaume ORTI sax alto, soprano et C-melody. Réunis pour interpréter la suite Jusqu’où s’évapore la musique ? qui n’est pas une invitation à jeter une poignée de CD dans une poêle, à allumer la plaque et regarder si la musique s’en évapore. Non, il serait plutôt question de repérer ce qui prend la suite de la musique : mots ? Gestes ? Silence ? Rien ?
Qui dit suite dit enchaînement de thèmes sans pause entre eux et même sans que l’idée d’applaudir les soli ne s’y insère. Le public attentif retient ses gestes après la musique !!!
Considérons les premiers thèmes comme des mises en bouche, des « appétites » : sextet comme un petit big band qui ouvre la suite et dont les soli ne visent qu’à donner envie de ce qui vient, chacun en gardant sous le pied en se gardant d’en dire trop, transition free en veine de dissonance ( les porteurs de sonotone craignent un bug de leur machine discrète ), solo de clarinette qui n’est pas sans rappeler Tony Scott dans Music for zen meditation, puis de la trompette augmentée. Pourvu que personne ne coupe l’alimentation électrique !!! À cet instant la suite se présente comme un genre de et en même temps qui joue allégrement de la douceur et du chaos, de l’harmonie et de la dissonance, du sage et du rebelle : l’union des contraires, l’unité dans la dualité, la métaphysique au-delà de la musique évaporée ?
Et c’est l’acmé de ce premier set ( Grave ballade ? ) : des tenues lentes, longues, un riff des souffleurs ( la musique écrite pour se retrouver ), des impros ( rien d’écrit afin de s’échapper ) : alto, guitare, clarinette basse. Ça pète le feu et c’est beau. Un voisin cultivé aura même entendu des accents du Mingus des années 55 ( quand en France, on écoutait en boucle Tino Rossi et son Méditerranée, Mingus écrivait Pithecanthropus Erectus). Au jeu des références, on entendra des échos du Voyage de Pierre Henry lors de la performance a capella du trompettiste bien aidé par sa machine numérique ( les jazzeux luddistes et autres fans de Pièces et Mains d’Oeuvre se sont-ils bouchés les oreilles ? ). Le sextet, inspiré par différents influences, revient au jazz pur et dur avec Et encore bonjour : super thème enlevé et tonique, swing intense et tour de solo : ils sont tous de la fête et à la fête.
Le Triton
11 bis rue du Coq Français, 93260 Les Lilas