dimanche 07 avril 2024

Jazz en avril existe depuis quelques temps déjà et il appartient à cette catégorie de festivals discrets qui se préoccupent avant tout de construire une programmation de qualité, avec une belle bande de bénévoles, un zeste d’audace et des moyens limités. Hier, ma fin d’après-midi dominicale fut donc occupée par la découverte de Melissa Weikart, chanteuse et pianiste, à moins que ce ne soit l’inverse, et Lauréate du prix d’instrumentiste du Concours National de Jazz de La Défense en 2023. Dans une petite salle bien aménagée du centre Michel Berger, il y eut suffisamment de public pour écouter cette jeune musicienne franco-américaine dont l’univers minimaliste possède une originalité ne permettant pas la comparaison avec quelque autre artiste. Je notai que l’ensemble de ses chansons était ancré dans un format pop nourri de digressions pianistiques marquées par le jazz (avec d’infimes dissonnances bienvenues) et j’appréciai grandement cette alternance. Avec des paroles, simples et touchantes, interrogeant les incertitudes du vivant au quotidien et la fragilité des sentiments sur des mélodies construites autour de la répétitivité et de la brisure rythmique, elle développa un flux musical impressionniste, au dépouillement habité, qui ne manqua pas de captiver le public et moi avec. Dotée en outre d’un sens naturel du partage avec son auditoire, elle sut avec quelques mots tisser un lien de confiance qui lui permit de s’aventurer dans l’interprétation de nouvelles compositions, acceptant par avance la possible erreur, sans sourciller. Bien qu’elle chantât qu’elle était une ordinary human, chacun y trouva son compte car son art subtil du discours au carrefour des genres, avec des réminiscences aussi debussiennes qu’ellingtoniennes, fut très convaincant. Un peu de douceur dans ce monde en feu, un cocon atemporel délicat, sans fadeur aucune, c’était bien ce qu’il me fallait et les autres furent de mon avis. C’était un 07 avril, jour qui vit naître en 1915 une chanteuse qui parle à Melissa Weikart comme à toutes les chanteuses, j’ai nommé l’indispensable, l’incontournable et sublime, Billie Holiday. En sus, comme on dit qu’au sept avril, après le coucou, c’est le rossignol qui chante, une voix qui sache aussi chanter du bout des doigts, ce fut une évidence et la jeune bostonienne une aubaine, une chance volée au hasard sur le fil du temps.


https://www.melissaweikart.com/fr
https://melissaweikart.bandcamp.com/album/here-there


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