On évoquait à l’occasion de la 30ème Nuit du Jazz au Théâtre de Caen la chanson et le cinéma avec La dernière séance ; trois semaines plus tard, non loin de là, c’est plutôt la pièce de S.Beckett Fin de partie qui se jouait sous nos yeux puisqu’à l’occasion d’un concert de l’Orchestre Régional de Normandie et de sa création sous l’impulsion du percussionniste Xavier Desandre-Navarre , on assistait à l’épilogue de cette présence de l’Orchestre Régional dans l’agglomération. Ici ce n’est pas tant la longévité étonnante d’une collaboration ni l’âge du capitaine qui sont en cause que le fait du prince François. Non pas le Premier mais François le Second qui a décidé , à l’époque, avec ses énarques de fondre des régions entre-elles ; dans ce cas précis, la Haute et la Basse Normandie.

L’Orchestre, qui n’en demandait pas tant, était donc présent sur la scène de La Renaissance de Mondeville pour l’une de ses dernières prestations avant de se dissoudre en effet, sinon dans la nature (et encore !) du moins pour une part dans l’orchestre de l’Opéra de Rouen.
C’était donc dans ce contexte qu’une nouvelle et ultime(?) proposition de création avec le quartette In Pulse était présentée devant un nombreux auditoire .
La confrontation classique-jazz débouche toujours sur un résultat hybride. Cela tombe bien car par nature et par expérience, c’est cette hybridité que recherche le batteur percussionniste du jour. Placé sous le signe de Jules Verne et de son voyage imaginaire au centre de la terre, la musique qui en résulte, si elle suscite des images, ce sont avant tout des images de cinéma. Pour la simple raison que la musique de film est un des lieux privilégiés de cette rencontre de l’instrumentation classique et du jazz.

Aussitôt donc, presque par réflexe, des images naissent et parfois même un récit par bribes. Il faut dire que les compositions hautes en couleur de Xavier Desandre-Navarre, arrangées pour la circonstance par le pianiste hongrois du quartette Emil Spanyi (complice de longue date du saxophoniste Christophe Monniot pour leur goût commun des musiques improvisées) et bien servies par les dix sept musiciens de l’Orchestre dirigé par Jean Deroyer ont su emporter l’adhésion voire plus si on en croyait les nombreuses réactions enthousiastes de la salle.
Le cinéma s’impose certes par les références ou par les indications du compositeur mais aussi le jazz, avec ses musiciens et plus particulièrement l’implication presque constante du saxophoniste Christophe Monniot qui a su se faufiler dans une trame écrite, la précédant ou la suivant mais toujours en mouvement jamais servile. Il est vrai que cet ancien musicien caennais a une solide expérience et réputation de soliste de l’improvisation ainsi que ses multiples collaborations avec des formations ou des musiciens divers témoignent. Son exercice à la fois virtuose, constamment inventif voire facétieux du sopranino a laissé admiratif aussi bien ses collègues classiques que le public qui pour une large part le découvrait très certainement.

La vedette de la soirée, le percussionniste évidemment, n’était pas en reste d’invention et de fantaisie en multipliant les rythmes, les univers sonores venus d’influences extérieures ( brésiliennes, indiennes notamment ).aussi bien qu’imaginaires (Jules Verne en particulier).
Finale en beauté donc.
Précisons enfin qu’en préambule, la directrice de La Renaissance avait annoncé que ce type de création avec les musiciens de l’Orchestre connaîtrait d’autres lendemains …tandis que public applaudissait à tout rompre ceux qui furent leurs compagnons de route en musique pendant plus d’une décennie. 
En effet « Pourquoi se dire adieu ? »


Xavier Desandre -Navarre : composition, percussions
Emil Spanyi : arrangements, piano
Stéphane Kerecki : contrebasse
Christophe Monniot : saxophones
Jean Deroyer : direction musicale
Orchestre Régional de Normandie


Photos Stéphane Barthot


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