Au fil de l’eau de Samois sur Seine à Rotterdam pour le North Sea Jazz, la liberté des festivaliers reste immense, à nulle autre pareille.

Le long des berges de l’île du berceau, d’imposantes péniches manoeuvrent le 28 juin, se calent petit à petit dans l’axe du vaste podium afin d’être vraiment aux premières loges. Cette tolérance paraît extravagante tant les droits du public semblent ailleurs molestés.

Charles Tolliver
... au North Sea Jazz Festival 2007 - photo © Christian Ducasse

Au pied de la scène tandis que le culte de Django et Babik sera célébré, une foule chamarrée s’affaire ou circule sans contrainte. Ce sera elle qui décidera si la performance de Goran Bregovic s’entendra assise ou debout. Non loin les musiciens papillonnent et jamais la pression des shows à venir n’est palpable. Florin Niculescu sera ainsi une belle lumière ; son violon chante au dessus de la Seine.

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Laurent Blondiau et Sébastien Boisseau : "Maak’s Spirit"
...au North Sea Jazz Festival 2007 - photo © Christian Ducasse

Le North Sea Jazz conserve la palme de l’incroyable, une entreprise dont l’objectif est de faire fructifier le bonheur de ses clients. Les plus chouchoutés furent cette année un millier de privilégiés transbordés de Copenhague à Rotterdam via les ports nordiques, sur un immense paquebot bercé au son de l’élite disponible cet été en Europe. Chaque soir, Herbie Hancock, Mc Coy Tyner, David Sanborn, Marcus Miller, Franck Morgan, … distillaient leur art dans ce club flottant. Les musiciens présents témoignèrent d’un émerveillement égal à celui de leur auditoire. Moncef Genoud n’en revient pas. Ce pianiste merveilleux ne sachant toujours pas s’il était acteur ou témoin de cette croisière conclue par trois jours de festivités dans l’enceinte du Ahoy de Rotterdam.
Neurasthéniques s’abstenir au North Sea Jazz festival.

Ornette Coleman
au North Sea Jazz Festival 2007 photo © Christian Ducasse

Fil rouge de l’édition 2007, les trompettistes y tenaient symposium. Par ordre d’apparition Terence Blanchard ouvrit le ban pléthoriquement entouré du Métropole Orchestra dirigé par Vince Mendoza.

Quelques invités vinrent pousser une chanson : Patti Austin, Bilal et Jammie Cullum.
Ensuite Charles Tolliver , Randy Brecker, Tomasz Stanko, Brian Lynch, Nils Petter Molvær, Enrico Rava, Patches Stewart occupèrent les douze enceintes dédiées à la performance. « Artist in residence », Wynton Marsalis sera actif trois jours de rang. Défilèrent encore : Roy Hargrove, Till Brönner, Ryan Kysor, Marcus Printup, Michael Leonhart, Christian Scott, John Schneider, Eric Vloeimans, Laurent Blondiau, Bert Joris, Herb Robertson, Thomas Heberer, Joe Foxx Smith, Mathias Eick, Arve Henriksen, Marvin Stamm, Cynthia Robinson ... Impossible de les citer tous, les recoins du North Sea Jazz sont insondables.

Dave Douglas
au North Sea Jazz Festival 2007 photo © Christian Ducasse

Au sein de ce gotha, Ornette Coleman apparut avec sa trompette. L’accueil fut tel qu’il signa son concert en serrant les mains tendues de la standing ovation déclenchée par son band à trois basses. Aussi impressionnant qu’impressionné, Ornette finit par s’agenouiller devant cette audience remplie d’admiration.

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Retour vers la Seine, Paris rive droite le 25 juillet.

Les trompettistes se sont-ils donné le mot pour s’approprier ce mois de juillet ?
Roy Hargrove omniprésent sur le vieux continent achève au New Morning sa vaste tournée. Dans quelques jours il sera à l’Hollywood Bowl de Los Angeles pour célébrer les 100 ans de la naissance de Benny Carter. Son quintet survitaminé enflamme une salle bondée deux soirées d’affilée.

Eddie Henderson et un nouveau venu : Dovonte Mc Coy
Sunside, Paris juillet 2007 - photo © Christian Ducasse

Au Sunside ultime réunion de pistons autour d’un nouveau venu : Dovonte Mc Coy.
Eddie Henderson rejoint le quartet co-dirigé par le batteur Steve Williams et le précieux pianiste Larry Willis.Tard dans la nuit Stephane Belmondo venu en auditeur libre retrouve la batterie de ses débuts. Rasul Siddik salue à tour de bras. Nul ne songe à conclure les échanges.

Rue des Lombards, les musiciens savent être chez eux quelque soit l’heure, quant au public avisé, qui se risquerait à lui contester cette riche proximité ?