Nous l’avons dit dans un passé récent : la poésie et le jazz sont peu souvent mêlés. Nous saluons donc ici Louis Sclavis et Marc Porcu, poète, qui ont donné cette semaine une lecture-concert dans un bar restaurant lyonnais. Face a un public quelque peu indifférent, le poète et le musicien ont livré aux oreilles attentives de ceux qui le souhaitaient une prestation de qualité, ce qui est habituel, toute de complicité et d’engagement humain.
Nous vous offrons ci-dessous un texte de Marc Porcu écrit en écoutant L’imparfait des langues, de Louis Sclavis, le 07 avril 2007.
sa trace éparpilée par l’imparfait des langues
il la retrouve
sur les sables soumis aux avances océanes
sur l’argent vif de l’olivier mordu de nacres sous-marines
entre les corne du taureau et l’argile des poitrines
entre l’urne funéraire et le lichen des saisons
sous les ciseaux des foudres au fronton des nuages
sous le manteau des incendies nourrissant l’émeute des promesses
dans les conques de la soif où la lune vient boire
dans les horaires jaunis des dernières crémations
dans la soie des chroniques gémissant sous l’archet
dans le corps du poème
entre ses lignes incertaines
mouvant leur horizon aux lèvres du silence
où naître et mourir se mêlent
dans la langue affamée d’air
cherchant à l’embouchure du monde
le dialecte de son rêve
et sa polyphonie
pour l’annonce
d’un possible
arraché à la langue