Kenny Neal, Gashouse Dave, Duke Robillard et Dany Doriz : du blues au swing.

Le label français Dixiefrog fait un beau travail pour redonner des couleurs à la production discographique dans le domaine du blues et des musiques qui swinguent, souvent en accord avec des petits labels d’Outre-Atlantique. Pour preuve, à nouveau, trois disques signés Kenny Neal, Gashouse Dave et Duke Robillard. Nous compléterons cette plate-forme entre blues et swing par le dernier disque du Dany Doriz Big Band en hommage à Lionel Hampton (label Ahead).

> Kenny Neal : "Let life flow"

> Gashouse Dave : "The life and times of Gashouse Dave - Blues Trip"

> Duke Robillard : "A Swingin’ Session with Duke Robillard"

> Dany Doriz Big Band : "Live at the Meridien / Celebrating The 100th anniversary of Lionel Hampton’s Birth"

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Kenny Neal : "Let life flow"

Kenny Neal - "Let life flow"
Dixiefrog / Blind pig - 2008 - distribution Harmonia Mundi

> Dixiefrog DFGCD 8647 - distribution Harmonia Mundi (disque paru également sur le label Blind Pig Records aux USA)

Kenny Neal : guitare, basse, harmonica, voix / Kenny Neal Jr : claviers, programmations percussions etc. / Darnell Neal : basse / Frederick Neal : claviers / Bryan Morris : batterie / Lucky Peterson : piano, orgue sur 3 titres / + cuivres et vocalistes...

Il aurait bien des raisons "d’avoir le blues" Kenny Neal. Sortant de trois années noircies par le décès de proches et la maladie, le chanteur / guitariste / harmoniciste (et autres) a su rebondir en offrant un album lumineux qui résonne comme un hymne universel à la musique.

En " laissant couler la vie", il va puiser dans ses racines du côté de la Nouvelle-Orléans et propose une musique charnue et sensible, nourrie de soul, de blues, de funk comme savent en concocter les musiciens de Louisiane. On pense parfois à Dr John, à la sensibilité sans mollesse des frères Neville ("Let life flow" est aussi une affaire de famille !)... Pour prendre la mesure de cette musique très attachante, on pourra écouter plus particulièrement "Fly away", une ballade dans laquelle la guitare de Kenny Neal fournit un contrepoint limpide à sa voix.

On soulignera, enfin, la qualité constante des arrangements, en particulier les sections de cuivres bien balancées et la finesse du travail effectué par une rythmique qui sait tirer profit des sonorités actuelles sans perdre son âme.

Un disque qui mérite l’attention et permet de prendre la dimension du talent de ce musicien complet qu’est Kenny Neal avec, en complément, un "bonus vidéo" présentant le guitariste chanteur "en live" sur deux morceaux supplémentaires.

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Gashouse Dave : "The life and times of Gashouse Dave - Blues Trip"

Gashouse Dave - "The Life and Times..."
Dixiefrog - 2008 - distribution Harmonia Mundi

> Dixiefrog DFGCD 8648 - distribution Harmonia Mundi

Gashouse Dave (David Randall Shorey) : guitares, voix, claviers, basse, batterie, dobro etc... / + Brantley Keans : mandoline, violon sur deux plages / + musiciens invités sur 1 plage.

David Randall Shorey, alias Gashouse Dave, aime raconter des histoires. C’est ce qu’il fait dans ce disque construit comme un road movie le long des routes du blues.

Pour ce licencié en lettres, passionné de littérature, l’influence de Jack Kerouac ou de Chester Himes apporte un éclairage particulier à ses rencontres avec les œuvres de John Lee Hooker (Highway 13), de Blind Lemon Jefferson (See that my grave is kept clean), de Rick Darnell et Roy Hawkins (The thrill is gone, popularisé par B.B. King) qui sont des points de repère dans un album construit sur des compositions personnelles.

Gashouse Dave, bluesman à peau blanche s’est bâti une âme noire et ce nouvel album en est un témoignage sympathique. Pourquoi, cependant avoir choisi de faire ce disque (presque) tout seul en assurant toutes les parties instrumentales en re-recording ? Le savoir-faire impressionne mais la musique semble souvent pesante et empâtée dans des assemblages instrumentaux pas toujours très heureux.

Les amateurs jugeront...

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Duke Robillard : "A Swingin’ Session with Duke Robillard"

Duke Robillard - "A swingin Session with..."
Dixiefrog / Stony Plain - 2008 - dist. Harmonia Mundi

> Dixiefrog DFGCD 8646 - distribution Harmonia Mundi

Duke Robillard : guitares et voix / Bruce Katz : piano, orgue / Doug James & Gordon Beadle : saxophones baryton et ténor / Scott Hamilton : saxophone ténor sur 3 plages / Carl Querfurth : trombone / Dave Ballou : trompette / Al Basile : cornet / Mark Teixeira : batterie / Marty Ballou, Jessie Williams ou John TPacker : contrebasse / Paul Kolesnikow : guitare acoustique "archtop".

Dans cet album, le guitariste-chanteur, délaisse sa formation habituelle "Roomful of blues" (40 ans d’existence tout de même !) pour se regarder le blues du côté du swing.

Duke Robillard déclare admirer sans réserves les musiciens de jazz qui ont su puiser dans les racines bleues pour en imprégner leur musique. Cette Swingin Session sonne comme une chaleureux hommage à Count Basie (l’orgue rappelle inévitablement Wild Bill Davis), à Ben Webster et Lester Young (le ténor de Scott Hamilton sur la version sautillante de Just Because).

A la manière de Duke Ellington, le guitariste leader a eu envie de jouer de l’orchestre et le résultat est heureux : joyeux, swinguant sans états d’âme. Par très avant-gardiste certes mais le tout est joué et chanté avec beaucoup de sincérité. N’est-ce pas l’essentiel ?

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Dany Doriz Big Band : "Live at the Meridien / Celebrating The 100th anniversary of Lionel Hampton’s Birth"

Dany Doriz Big Band - "Live at the Méridien"
Ahead - 2008 - dist. Socadisc

> Ahead AH 823.2 - distribution Socadisc

Dany Doriz : vibraphone, leader / Pascal Thouvenin : sax alto, arrangements / Marc Fosset : guitare / Patrice Galas : piano / Patricia Lebeugle : contrebasse / Didier Dorise : batterie / Gilda Solve : vocal / Michel Feugère, Sylvain Contard, Brice Moscardini : trompette / Michael Joussain, Guy Figlionlos, Cyril Dubile : trombone / Christophe Allemand, Boris Blanchet, Pierre de Sassis : saxophone ténor

Enregistré en octobre 2007 - Jazz Club Lionel Hampton, le Méridien, Paris.

On ne s’étonnera pas que Dany Doriz, vibraphoniste et grand amateur d’orchestres "chabadesques" rende un vibrant hommage à son maître Lionel Hampton dont on fêterait cette année le centenaire s’il était encore de ce monde...

Enregistré en public au Jazz Club Lionel Hampton (pour parachever l’hommage), ce disque permet d’entendre un orchestre qui sait restituer la chaleur d’une musique qui va droit au but : swinguer sans "prise de tête". Bien sûr, il manquera la folie des grandes machines hamptoniennes emmenées par un leader survolté mais l’esprit et la lettre sont respectés. Les solistes se donnent comme dans les beaux jours de la Big-Band Era, sans faiblesses et les sections sonnent impeccablement (les quatre ténors...) : le public ne s’y trompe pas et applaudit chaleureusement.

Si vous avez envie de taper du pied en écoutant de la musique de très bon niveau alliant une simplicité et un savoir-faire respectueux de la tradition, vous pouvez écouter ce disque sans hésiter.

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