Avec : Bigre ; Caroline ; Daniel Casimir ; Pierre Dørge ; Morena Fattorini-Alain Jean-Marie ; Paolo Fresu ; Markku Ounaskari ; Rémi Panossian ; Pellen/Ziad/Callac ; Renza Bô
"Putain, c’était le bon temps. Je te parle des années 10-11, ça nous rajeunit pas. on stockait la musique sur des discs compacts et certains regardaient encore la télé à heure fixe...".
Un jour, sans doute, peut-être, on se dira ce qu’écrit Sarah Murcia, contrebassiste visionnaire (ou extra-lucide ?) dans le dossier de presse qui accompagne le nouvel album de son groupe Caroline (chroniqué ci-dessous).
2011, nous y sommes... Eh oui, pour le moment des compact-discs circulent toujours dans des circuits commerciaux qui se diversifient pour continuer de vivre. Et il se trouve encore de nostalgiques attardés matérialistes pour les écouter. Nous, par exemple !
Et en plus, l’année commence fort : pas moins de 4 "Oui, on aime !" décernés ce mois-ci !
Pourvu que ça dure !
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> Grolektif Productions, 2010 - 2 CDs - commander à www.grolektif.com/Tohu-Bohu (paiement sécurisé PayPal)
Composition, Arrangement et Trompette : Félicien Bouchot / saxophones : Clément Édouard, Fred Gardette, Thibaut Fontana, Mathieu Guéret, Romain Dugelay / Trompettes : Vincent Labarre, Lucas Garnier, Hervé Salamone, Léo Jannet / Trombones : Loic Bachevillier, Sébastien Chetail, Jean Crozat, Sylvain Thomas / Guitare : Nicolas Mondon / Piano électrique : Alice Perret / Basse électrique : Raphael Vallade / Batterie : Guilhem Meier / Percussions : Arnaud Laprêt
Nous avions apprécié le punch du premier album de Bigre. Nous ne manquons pas d’aimer le deuxième car le big band s’y bonifie en élargissant son horizon musical. Au-delà du funk premier, les 19 musiciens tentent des échappées musicales réussies vers des contrées musico-géographiques fort éloignées les unes des autres. Du slave à l’afro en passant par le paso doble, c’est tous azimuts que la machine à groove carbure. On retrouve les mêmes et excellents solistes du précédent disque et l’énergie propre à ce collectif. Le propos est toujours dense et, bien que versatile, demeure cohérent. Il y a, à n’en pas douter, dans cet orchestre une dynamique rare qui tire plus vers l’entertainment anglo-saxon que vers l’académisme vieille Europe. C’est du sérieux qui ne se prend pas au sérieux et c’est furieusement agréable à écouter.
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> Zig Zag Territoires - Collection Pure - ZZT110104- distribution Harmonia Mundi
Olivier Py : saxophones / Gilles Coronado : guitares / Sarah Murcia : contrebasse, voix / Franck Vaillant : batterie, Simmons SVSD + Katerine, Jacques Higelin, Julie lanoë, Brad Scott, Las Ondas Marteles, Rodolphe Burger, Jeanne Balibar, Fred Poulet... : voix sur CD2 / Oren Bloedow : guitare (sur 1 titre)
CD1 : 9 titres originaux de Sarah Murcia / CD2 : 15 reprises
Elle s’appelle Sarah mais elle préfère s’identifier à Caroline. Elle aime semer le trouble et joue sur l’équivoque et l’ambigüité SarHoline ! Elle aime la chanson et le jazz, les chanteurs et chanteuses "sans étiquettes"... et les jazzmen : Mingus, Steve Coleman et les autres. Vous suivez ?
Caroline est en fait un quartet piloté à la contrebasse et parfois à la voix ou au clavier par Sarah Murcia, "juste un groupe à guitare qui envoie grave sans trop se poser de questions". C’est au moins ce qu’en écrit CaroSarah. En fait, ce n’est pas si simple que cela car cette musique est construite avec une expertise qui suppose que bien des questions aient trouvé des réponses pertinentes. Comment pourrait-on en arriver là autrement ? Pas de hasard !
En toute simplicité, avec une appétit musical juvénile, la brillante Sarah Murcia entraîne ses excellents amis (Olivier Py, Gilles Coronado et Franck Vaillant) dans la suite des aventures de cette Caroline imaginaire que nous avions laissée à "Monaco" et qui nous revient avec un disque en deux volets distincts. Garden Parti s’est libéré des clichés d’un certain "jazz compliqué" (dixit Murcia) appris à l’école et auprès d’un gourou nommé Steve Coleman pour laisser s’exprimer une spontanéité moderne et réjouissante, compos décalées pour impros inspirées.
Caroline Yes ! est une friandise dont on a du mal à décrocher. Sarah Murcia a réussi un très beau disque inclassable en invitant un impressionnant cortège de copains-copines chanteurs-chanteuses. Elle évite la compilation de bric et de broc (de Zappa à Mistinguett) en donnant à l’ensemble une couleur fraîche et personnelle. Katerine, Higelin, Jeanne Balibar et les autres adhèrent à l’esprit Caroline.
Un double disque épatant, réjouissant et revigorant. On ne se pose pas de questions, nous non plus : Oui, on aime !
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> Yolk.Box J2053 - distribution : www.yolkmusic.com
Daniel Casimir : trombone alto, compositions / Alban Darche : saxophone baryton / Matthieu Donarier : clarinette, saxophone alto / Jean-Louis Pommier : trombone / Sébastien Boisseau : contrebasse
La réunion de cinq chefs un peu toqués dans la cuisine nantaise du label Yolk. Les ingrédients sont fournis par Daniel Casimir, à l’honneur dans ce coffret, la nouvelle carte (maîtresse) de Yolk pour contrer la crise.
Au menu, dix compositions qui dessinent les contours d’un nouveau West-Coast Jazz à la française sans tambours ni cymbales ni trompette. Cinq voix monophoniques mais agencées avec le savoir d’un grand faiseur entouré de fins palais. Autour de la contrebasse de Sébastien Boisseau, un maître reconnu des quatre cordes, cette formation se déploie symétriquement : deux trombone, deux anches. À gauche, Daniel Casimir et Alban Darche, saxophoniste "cubiste" [1] et à droite, Matthieu Donarier, ange des anches, et Jean-Louis Pommier inflexible et incontournable tromboniste qui fréquente tous les bons pupitres.
Les zoologues définissent la phonotaxie (phonotaxis en anglais) comme une réaction d’attraction ou de répulsion par une source sonore, avec déplacement. Chez les jazzophiles, on observera probablement une forte attraction et peu de répulsion pour une musique plus féline que bovine qui swingue avec la finesse. Une cuisine raffinée et innovante qui ménage les rondeurs et les veloutés. Loin d’un combat de chefs à grands coups d’ustensiles sonores, on appréciera un sens des harmonies colorées, sans aucune monotonie. Il y aurait bien une saveur de Jimmy Guiffre ou de Bob Brookmeyer là dedans !
Cerises sur le dessert : trois remixes viennent clore cet album pour renforcer une touche décalée qui transparaît également dans le roman photo inclus dans le coffret : un épisode de la vie excentrique de la vache Radieuse. On n’est pas obligé d’aimer le dessert en préférant les plaisirs acoustiques des dix titres originaux. Chacun ses goûts.
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> Steeple Chase SCCD 31701 - distribution Integral Classic
Pierre Dørge (g, dir), Gunnar Halle (tp), Kenneth Agerholm (tb), Morten Carlsen (ts, taragot), Jakob Mygind (ts, ss), Anders Banke ‘ts, cl, bcl), Irene Becker (p, synth), Thommy Andersson (b), Martin Andersen (dm), Ayi Solomon (cga, perc).
Douze compositions de Pierre Dørge, enregistrées les 6 & 7 octobre 2009.
Dans le sillage du saxophoniste John Tchicai dont il fut le partenaire dès 1969, le guitariste Pierre Dørge est le second musicien danois à avoir acquis une réputation internationale dans la mouvance des nouveaux courants du jazz (nous mettons à part le célèbre contrebassiste tout-terrains Niels-Henning Ørsted-Petersen). Né à Copenhague en 1946, il pratique le jazz très tôt et, durant les années 70, organise ou participe à différents groupes et rencontres, enregistrant notamment avec Tchicai et participant à plusieurs festivals importants. Il enregistre régulièrement pour Steeple Chase et forme, en 1980, son New Jungle Orchestra, entre moyenne et grande formation dans laquelle jouent, outre John Tchicai, Don Cherry, Johnny Dyani, Marilyn Mazur, Harry Beckett, David Murray, Horace Parlan… ou encore les Français Doudou Gouirand et Michel Marre. Ce vingt-deuxième album (!), qui célèbre les 30 ans de l’orchestre, se situe dans la lignée du travail d’écriture et d’organisation de Pierre Dørge, travail sur une masse orchestrale mouvante et colorée. On a souvent souligné le caractère ellingtonien de la musique de Dørge, j’ajouterais aussi mingussien, ce qui est tout à fait dans la lignée. Ballades, sortes de concertos pour un soliste, réminiscences sud-africaines dans certains rythmes et utilisation des percussions, sens de la mélodie, de la danse, swing, excellents solos… Ceux qui aiment la musique vivante, expressive, généreuse et non formatée, prendront grand plaisir à écouter ce disque particulièrement réussi. Une réalisation soignée due à un musicien trop méconnu en France malgré ses quelques passages dans des festivals éclairés. Qu’attendent les autres ?
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>L2MG - Let My Music Grow - L2MG 001 - À commander sur www.l2mg.fr/alain-jean-marie -
Morena Fattorini (chant), Alain Jean-Marie (piano) + Vincent Ségal (violoncelle), Xavier Desandre Navarre, Roger Raspail (percussions).
Huit compositions de Hermeto Pascual, Hanns Eisler/Manuel de Falla, Gabriel Fauré, Henry Purcell, Giulio Caccini/Francesco Durante, Al Lirvat, etc., Morena Fattorini, Alain Jean-Marie, enregistrées au Studio Sextan, en avril/mai 2010.
Quel beau disque ! On connaît, bien sûr, ce grand pianiste de jazz qu’est Alain Jean-Marie, musicien attachant, sensible, présent et à l’écoute, toujours juste quels que soient le contexte, l’expression et l’environnement musicaux. De sa rencontre, il y a déjà longtemps, avec la chanteuse italo-suisse Morena Fattorini qui pratique les musiques anciennes et les mélodies classiques, un duo s’est créé, s’est façonné pourrait-on dire, lentement mais profondément, passionnément. Ce long travail d’écoute, de connaissance, de partage des cultures, de mise en commun de répertoires et de pratiques que tout semblait opposer, a fini par donner naissance à ce disque magnifique, d’une grande beauté et d’une cohérence qu’on serait bien en peine de trouver chez ces nombreuses productions de ce fourre-tout qu’on étiquette world music. Enchaîner ainsi airs baroques, mélodies classiques, morceaux des Caraïbes, compositions personnelles — et je n’ai pas parlé de la qualité des textes des auteurs choisis —, et réussir à faire de tous ces éléments une œuvre cohérente, est un véritable tour de force comme seuls les grands artistes, les plus conscients, parviennent à réaliser.
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> ECM 2203 - Universal Music France
Paolo Fresu : trompette, bugle, électronique / Daniele Di Bonventura : bandonéon / A Filetta (sauf 7 et 13) : Jean-Claude Acquaviva : seconda ; Paul Giansily : terza ; Jean-Luc Geronimi : seconda ; José Filippi : bassu ; Jean Sicurani : bassu ; Maxime Vuillamier : bassu ; Ceccè Acquaviva : bassu
01. Rex tremendae / 02. Liberata / 03. Da tè à mè / 04. Le lac / 05. Dies irae / 06. Gloria / 07. Corale / 08. La folie du Cardinal / 09. U sipolcru / 10. Scherzi veranili / 11. Figliolu d’ella / 12. Gradualis / 13. Sanctus
En 1977, le label italien Black Saint publiait un disque atypique : le quartet italo-américain du contrebassiste Marcello Melis (1939-1994) y rencontrait les voix du Grupo Rubanu, un ensemble vocal traditionnel sarde. La rusticité des chants traditionnels contrastait avec la flamboyance free d’un ensemble où scintillait la trompette d’Enrico Rava aux côtés du tromboniste Roswell Rudd et du batteur de l’AACM, Don Moye.
La démarche de Paolo Fresu, sarde lui aussi et trompettiste, est un peu comparable mais sonne tout autrement. En s’associant au chœur corse A Filetta, il cultive le bon voisinage insulaire. Pas de choc des mondes musicaux ici mais une rencontre fusionnelle entre un chœur masculin qui perpétue une tradition vocale sans la dévoyer et un trompettiste qui sait rester lui-même dans les contextes les plus variés. Qu’il joue en contrechant des harmonies vocales de l’ensemble ou qu’il improvise accompagné du bandonéon de Daniele Di Bonaventura (Liberata, est une des perles du disque pour l’équilibre voix-instruments), Paolo Fresu privilégie la profondeur des sonorités cuivrées sans céder à des effets de virtuosité. Lorsqu’il utilise l’électronique, c’est pour augmenter avec une grande expertise l’amplitude du maillage sonore aidé en cela par la qualité d’une prise de son qui reste fidèle à l’esthétique légendaire du label ECM.
Un très beau projet qui a germé en octobre 2006 à Ajaccio lors d’une rencontre entre le chœur A Filetta et un quartet composé de Paolo Fresu, Daniele Di Bonventura, du percussionniste Philippe Biondi. Le saxophoniste André Jaume, un des maîtres à penser des musiques improvisées méditerranéennes était une des chevilles ouvrières de ce projet. Il faut lui rendre cet hommage !
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> ECM 2116 - Distribution Universal Music France
Markku Ounaskari : batterie / Samuli Mikkonen : piano / Per Jørgensen : trompette, voix
01. Polychronion / 02. Psalm CXXI / 03. Tuuin Tuuin / 04. Aallot / 05. Introit / 06. Pitkä pajo / 07. Introit - Changing Paths 1 / 08. The Gipsy’s Stone / 09. Pikkumetsä / 10. Soldat Keljangúr / 11. Mountain Of Sorrow / 12. Introit - Changing Paths 2 / 13. Sjuan Mad’ / 14.
Sjuan Gúr // enregistré au Rainbow Studio d’Oslo en mai 2009.
Les fans du label ECM connaissent sans doute le trompettiste Per Jørgensen. Musicien d’expérience (né en 1952), il est de ceux pour qui l’instrument est un prolongement de la voix intérieure. Le chant prime sur la sophistication virtuose des phrases. C’est sans doute pour cela qu’il est aussi un vocaliste bien plus introverti cependant que notre Médéric Collignon national !
Dans ce disque, aux côtés du pianiste Samuli Mikkonen et du percussionniste-leader Markku Ounaskari, il fait figure de vétéran norvégien entre deux jeunes finlandais mais ça ne se ressent pas à l’écoute. Tous les trois nous invitent à un voyage dans la pénombre à travers les vastes et froides étendues des contrées nordiques. La musique se compose de thèmes traditionnels et religieux qui évoquent des migrations ancestrales jusqu’aux liens entre peuples scandinaves et amérindiens (Sjuan Mad’ / Sjuan Gúr).
On pourra se laisser porter par cette errance méditative et poétique, entre archaïsme et modernité. Ces psaumes et thèmes folkloriques ne manquent pas de caractère mais il faudra maintenir son attention pour ne pas se laisser vaincre par l’ennui... ou l’indifférence !
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PS : Michel Delorme qui les a écoutés au festival de Münster, début janvier : lire ici !
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> Plus Loin Music PL4538 - distribution Harmonia Mundi
Rémi Panossian : piano, compositions (sauf 3 et 5 : Panossian/Delporte/Petitprez) / Maxime Delporte : contrebasse / Frédéric Petitprez : batterie / et Vincent Mahey : boucles, électronique sur 5.
01. Onda’s Mood / 02. Life is a Movie / 03. Add Fiction / 04. Serenade / 05. Insomnia / 06. Schedule / 07. Two Girls / 08. Alive / 09. Choose the Good Shoes / Siestes // Enregistré en mai 2010.
Originaire de Montpellier, le jeune pianiste Rémi Panossian (né en 1983) a migré vers Toulouse pour y achever ses études et monter un duo avec le contrebassiste Julien Duthu. Une formule qui s’est illustrée à travers deux disques en 2004 et 2007 sur les labels Nocturne et Plus Loin Music. C’est sur ce dernier que paraît ce disque en trio.
Encore un trio piano-basse-batterie pensera-t-on ! Eh oui ! mais il faut croire que les ressources de la formule sont intarissables car celui-ci tire assez joliment son épingle du jeu pour ne pas passer inaperçu. L’option choisie nous entraîne dans une diversité de climats avec toujours une tension maintenue entre les trois pôles. Rémi Panossian affectionne les phrases bondissantes et possède un sens prononcé des nuances. Les graves sonnent avec profondeur et les aigus s’envolent, alertes. De son duo, il a appris qu’il faut aussi laisser "parler" les contrebassistes et Maxime Delporte a des choses intéressantes à dire, bien soutenu par l’écoute et la finesse de jeu de Frédéric Petitprez à la batterie.
Sans se vouloir révolutionnaire, ce trio égraine une musique chaleureuse et souvent swinguante qui ne renie pas son époque comme en attestent les effluves électroniques de Insomnia ou la densité de Add Fiction, dans le genre power trio.
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> Boutou Productions CD PZC1001 - DB12 - à commander sur www.boutouprod.com
Jacques Pellen : guitare et effets / Karim Ziad : batterie et voix / Étienne Callac : basse électrique
01. Trois jeunes filles / 02. Clapping - ridée Celtic procession / 03. Ephemera / 04. Niamey / Ollollé - Suite et fin / 05. Kelien / 06. Berceuse / 07. Alerte / 08. 3 années déjà // Enregistré à Langonnet (Morbihan) en avril 2007.
3 années déjà... Oui, plus de trois années se sont écoulées depuis l’enregistrement de l’essentiel de ce disque qui a été complété et parachevé en 2010. Plus de trois années aussi pour perpétuer le souvenir de la harpiste celtique Kristen Noguès (1952-2007) à laquelle ce disque est dédié. Avec elle et dans le cadre du collectif breton Celtic Procession, le guitariste Jacques Pellen avait tenté une fusion intelligente du jazz, des musiques populaires de Bretagne, et d’autres musiques "du Monde".
"Off Shore" contribue aujourd’hui à prouver la pertinence de ce projet. En compagnie de Karim Ziad, batteur algérois à la technique sans failles et du bassiste Étienne Callac, Jacques Pellen prend son envol vers des horizons lumineux pleins de vie et d’énergie. On pense inévitablement à l’art de l’alchimie d’un Joe Zawinul [2]. pour le brassage des rythmes et des sonorités aux couleurs fortes mais il y a la dominante bretonne qui perle dans tout ce disque. On perçoit ainsi à quel point les références aux musiques traditionnelles sont chères au cœur de Jacques Pellen qui conclut ce disque par une magnifique pièce en solo : 3 années déjà...
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> Le Petit Label PL026 - distribution Les Allumés du Jazz, Impro Jazz, Le Petit Label
Pierre Millet : trompettes et compositions (sauf 4) / Yann Letort : saxophone ténor / François Chesnel : piano (composition : 4) / Antoine Simoni : contrebasse / Franck Énouf : batterie
01. La piste 1 / 02. Vache / 03. Voronej / 04. 4D / 05. Suite Rurale / 06. Gold victory / 07. Amour M / 08. Now can I love Me / 09. La piste 2 / 10. Made in Slow // enregistré à Hérouville Saint Clair (14) en décembre 2009.
Nous n’irons pas par quatre chemins : ce disque est en tous points remarquable ! Inutile de tourner autour du pot (de crème fraîche), ces cinq normands forcent le respect et l’admiration. Il y a quelques années, ils ont commencé leur aventure en adoptant les compositions du trompettiste Dave Douglas (que Pierre Millet et ses copains vénèrent) et, de fil en aiguille, de concerts en disques (quatre au total), de rencontres fructueuses en galères (inévitables), Renza Bô est devenu un vrai groupe avec une identité. Pierre Millet a révélé son talent de compositeur-arrangeur-animateur tout en se fondant dans le collectif. C’est la force de cet ensemble qui sait porter la flamme du jazz libre, vivant, inventif et respectueux des apports du passé.
Voronej est le disque de la maturité révélée. Renza Bô n’est plus seulement une brillante jeune formation française (sélectionnée par Jazz Migration [3] !) mais ce quintet joue désormais dans la cour des grands au plus haut niveau. Sur un répertoire toujours captivant, impertinent, audacieux mais accessible, contrasté et chaleureux, les solistes s’expriment avec une grande aisance dans un esprit de liberté qui ne nuit jamais au collectif. C’est pour cela qu’on se gardera bien de vanter les mérites de l’un ou de l’autre. Cet équilibre est assez rare pour être préservé !
Bravo !
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© Association CultureJazz® - janvier 2011 - www.culturejazz.net®
[1] Pour ceux qui débarquent dans le port de Nantes : Alban Darche aime les cubes, en particulier "Le Gros Cube", son big-band !
[2] Karim Ziad s’illustra un temps auprès du pianiste-claviériste autrichien dans le cadre du Zawinul Syndicate
[3] Sélection annuelle des trois formations françaises qui bénéficient ainsi d’un soutien particulier de l’AFIJMA - Association des Festivals Innovants en Jazz et Musiques Actuelles -.