Avec les CDs de Frédéric BOREY ; Cédric HANRIOT ; KONITZ - LIEBMAN - BEIRACH ; Philippe LAUDET ; MUSICA NUDA ; PORTICO QUARTET ; Laurent STOUTZER ; Henri TEXIER.
Pour ce mois de mars 2011, une première sélection dans laquelle on trouve des nouveaux venus qui en veulent mais aussi des valeurs sûres à la sereine expérience.
Un point commun : tous portent l’esprit du jazz même si celui-ci se décline avec des couleurs et des formes différentes.
Huit disques récents (parus ou à paraître) présentés et commentés par ordre alphabétique.
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> Fresh Sound New Talent FSNT-367 - distribution www.freshsoundrecords.com/lines (9,90 € + port)
Frédéric Borey : saxophones tenor et soprano / Camelia Ben Naceur : piano / Nolwenn Leizour : contrebasse / Stefano Lucchini : batterie
01. Dwarf steps / 02. Urban walk / 03. Line for Kodaly / 04. Old devil moon / 05. Line for Bartok / 06. What about ? / 07. Line for Debussy / 08. Blue day / 09. Exit / 10. Line for Warne // Enregistré en France en mai 2009
Quatrième album de ce saxophoniste que nous n’avions pas encore pris le temps d’écouter, ce que nous déplorons aujourd’hui. Lines, produit par Fresh Sound New Talent, est un beau disque de jazz actuel. Des compositions particulièrement bien ciselées en sont le premier attrait, notamment avec des références à la musique du XXe siècle et en particulier Kodaly dont on se lasse pas. La sonorité de Frédéric Borey est le deuxième attrait de cet enregistrement. Ronde et claire, nuancée, elle s’impose en douceur, sans éclats bruyants ni artifices. Très aboutie, elle délivre avec précision des phrases d’une grande justesse qui ne manquent pas de séduire.
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> Plus Loin music - distribution Harmonia Mundi
Cédric Hanriot : piano, Fender rhodes, orgue, programming / John Patitucci : contrebasse et basse / Terri Lyne Carrington : batterie et voix / Benjamin Powell : violon / Patrick Owen : violoncelle / 2TH : vocal
01. Louisiana / 02. La chanson des vieux amants / 03. Crunkie / 04. Your sweetness / 05. Prélude / 06. Mambo / 07. Tribal poem / 08. Que Marianne était jolie / 09. Le jazz et la java / 10. Hymne à l’amour
Cédric Hanriot dont nous découvrons le travail avec cet album est, a priori, une sorte d’OVNI. Arrivé tardivement à la musique, voilà qu’il nous propose un enregistrement avec une rythmique composée de John Patitucci et Terri Lyne Carrington accompagnés des moins connus Patrick Owen au violoncelle, Benjamin Powell au violon et 2TH (?) à la voix.
Nous ne sommes pas cependant convaincus par l’aspect electro d’autres pièces plutôt bien ficelées cependant, comme par les interventions vocales d’ailleurs. Les goûts et les couleurs, n’est-ce pas ?
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> Out Note Records OTN006 - distribution Harmonia Mundi
Lee Konitz : saxophones alto et soprano / Dave Liebman : saxophones ténor et soprano /
Richie Beirach : piano
01. In Your Own Street Way (D. Brubeck) / 02. Don’t Tell me what key (Konitz - Liebman - Beirach) / 03. Universal Lament (Konitz - Beirach) / 04. Alone Together (H. Dietz - A. Schwartz) / 05. Knowinglee (Liebman - Beirach) / 06. Solar (M. Davis) / 07. Migration (Liebman - Konitz) / 08. Thingin’ - All The Things That... (Liebman - Konitz) /09. Trinity (Konitz - Liebman - Beirach) / 10. Body and Soul (J. Green) / 11. Hi Beck (Konitz) / 12. What is this Thing Called love (C. Porter)
Que dire ? On les connaît, on les apprécie à leur juste valeur, on a plus que de l’estime pour leurs parcours respectifs. Ils ont côtoyé les plus grands. Ils se sont côtoyés et se retrouvent en 2010 pour une session où la liberté est la pierre angulaire d’une musique affranchie.
Ça tutoie les anges sans vergogne : comme des gosses prêts à tous les coups pendables dans la cour des grands. Il y a bien sûr derrière l’espièglerie apparente un énorme boulot d’artistes mûrs et rigoureux qui ne laissent au hasard que la portion qui doit lui revenir.
Une question au passage : pourquoi sont-ce les vieux qui ont souvent le plus la fraîcheur et la spontanéité ?
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> Le Chant du Monde 274 1888 - distribution Harmonia Mundi
Philippe Laudet : trompette et bugle / Grégoire Aguilar : piano et fender rhodes / Serge Oustiakine : contrebasse et chant / Pierre Thuries : batterie // + // Ferdinand Doumerc : saxophones sur 1 et 6 / Olivier Sabatier : trombone sur 6 / Jérôme Cotte : chant sur 10.
01. Eparges Airlines / 02. Kilomètre 1096 / 03. Adieu Fovea / 04. Nostalgie Avenue de Friedland / 05. Mangala Vallis / 06. De la neige sur le toit / 07. Agathnambule / 08. Mademoiselle Vanille / 09. Fermeture à l’Aube / 10. Béton ciré / 11. Le flamand rose rêvait d’un été brumeux.
Le trompettiste Philippe Laudet (né en 1959) nous livre un nouveau volet de son voyage dans la galaxie jazz. Après le double CD de Jazz Odyssée (Pour savoir où tu vas, regarde d’où tu viens - 2010), voici Terrestre Extra.
Philippe Laudet a nourri sa passion du jazz en écoutant les trompettistes Joe Newman ou Harry Sweets Edison dans le big-band de Count Basie, entre autres, donne un petit coup de polish à un style qui a gardé toute sa solidité et sa brillance.
On embarque volontiers pour ce nouveau voyage... et en toute sécurité : le pilote est aussi ingénieur, passionné d’astro-physique et maîtrise la langue extra-terrestre (lire la pochette !). Let’s go !
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> Bonsaï music - distribution Harmonia Mundi
Petra Magoni : voix / Ferrucio Spinetti : contrebasse
01. Vadi giù / 02. Una notte disperata / 03. Complici / 04. Lei colorerà / 05. Sentieri strade saluti / 06. Mirza / 07. When I drink / 08. Rimando / 09. I giorni di festa / 10. Aria sulla 4 corda / 11. Professionalità / 12. Mon amour / 13. Cinéma / 14. Felicità
Le précédent album du duo ne nous avait pas laissé un souvenir impérissable. Sa pléiade d’invités célèbres avait un arrière goût de commerce assez désagréable. Nous n’en dirons pas autant de ce nouvel enregistrement qui voit les deux complices se recentrer sur ce qui fit leur succès : un dépouillement propulsant leurs qualités respectives de mélodistes et de rythmicien inventifs,de grand talent. Le grain de folie est toujours là et c’est tant mieux. En sus, Musica Nuda propose nombre de compositions originales dont on peut dire sans afféterie qu’elles sont réussies.
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> RealWorld (seconde édition augmentée) - distribution Harmonia Mundi
Jack Wylie : saxophones, machines / Milo Fitzpatrick : contrebasse / Duncan Bellamy, batterie, pianos / Nick Mulvey : hang drum, percussions.
01. News from Verona / 02. Zavodosky island / 03. Knee-deep in the north sea / 04. Too many cooks / 05. Steps in the wrong direction / 06. Moonsoon : top to bottom / 07. The Kon Tiki expedition / 08. Cittagazze / 09. Pompidou / 10. Pricky pear / 11. And all the pieces matter (live) / 12. Knee-deep in the north sea (live) / 13. Steps in the wrong direction (live)
Initialement sorti en 2007, cette réédition est augmentée de trois titres live. Si les communiqués de presse parlent abondamment de Radiohead jouant du jazz, de Steve Reich, et même de Philip Glass, ce qui n’est pas faux, nous pensons que ce quartet « oregonise » beaucoup dans une veine nettement plus contemporaine que jazz et que Garbarek se promène dans le voisinage. Ce qui n’est pas honteux en soi, entendons-nous bien. Et maintenant que les influences sont posées sur le tapis, si nous parlions de leur musique ? On prend bien du plaisir à l’écouter ; riche de détails et finement mélodique, elle s’ancre dans la mémoire de l’auditeur avec facilité. Le jeu atmosphérique de Jack Wylie au saxophone n’est pas pour rien dans cette impression première. La qualité intrinsèque de la rythmique, la cohésion entre les musiciens font le reste et le hang, cette percussion aux sonorités de steel drum créée par un suisse assez récemment, ajoute une touche d’originalité qui séduit beaucoup, apparemment, mais nous laisse un peu de marbre et nous semble plus anecdotique que l’ensemble de la création musicale portée par ce quartet londonien qui mérite le détour, assurément.
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> Auto production - commande possible via www.myspace.com/laurentstoutzerpraxis ou FaceBook
Bruno Angelini : piano / Arnault Cuisinier : contrebasse / Luc Isenmann : batterie / Laurent Stoutzer : guitare
01. Plexus Orphée / 02. Impulsions de la peau nue / 03. Locus nocturnus / 04. dylle 2 / 05. Seins voilés / 06. Ostraca / 07. Egare
La démarche conceptuelle de Laurent Stouzer a bien des qualités et, avant tout, celle de privilégier grandement la liberté individuelle dans un cadre formel. Ce n’est pas une mince affaire et il faut, pour aboutir dans cet espace musical choisi, des musiciens ouverts et talentueux.
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> Label Bleu LBLC 6712 - distribution Sphinx
Henri Texier : contrebasse / Sébastien Texier : saxophone alto, clarinette, clarinette alto / Francesco Bearzatti : saxophone ténor, clarinette / Manu Codjia : guitare / Christophe Marguet : batterie
01. Anda compañeros (H. Texier)/ 02. Tango fangoso (H. Texier) / 03. Bayou brume (F. Bearzatti) / 04. Tierra ocre / 05. Louisiana Dark Waters / 06. Tormentoso / 07. Mucho calor / 08. Sombre jeudi / 09. Rouge bayou / 10. De nada / 11. Samba loca / 12. Nigerian Sad Waters / 13. Ravine gabouldin / 14. Manatee Blues / 15. Sueño canto
"Canto Negro. En espagnol parce que Negro signifie Noir et Nègre à la fois. En français, Noir peut être trop sombre et Nègre, depuis longtemps, ne se dit plus pour cause de malaise". Henri Texier pose ainsi la problématique de son nouveau disque : rendre un hommage sincère aux chants noirs, à ces musiques venues de l’Afrique qui ont glissé vers les Amériques pour donner vie au jazz.
Consciemment, et avec le volontarisme qu’on lui connaît, Henri Texier réveille les esprits : "Que seraient devenus les artistes occidentaux sans la découverte de l’Art Nègre ?". Ne l’oublierait-on pas trop souvent aujourd’hui en se laissant étourdir par les dérives promotionnelles qui vendent l’éphémère au détriment de l’essentiel ?
Figure de proue de ce quintet tout feu tout flamme, Henri Texier nous emmène sans peine dans son nouveau périple à travers ses territoires où le jazz s’ancre dans son histoire profonde pour mieux nourrir l’imaginaire. Quelque part entre le barde celte et le griot africain, il reste une référence inébranlable, toujours remarquablement entouré pour servir la cause de son jazz libre et sensible.
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© CultureJazz® - mars 2011 - www.culturejazz.net®