Geri Allen, seule. Milford Graves en quartet.

Un dimanche au festival Sons d’Hiver : Geri Allen en piano solo puis le quartet du percussionniste Milford Graves, le 2 février à Choisy-le-Roi)

Geri Allen - Marseille, juillet 2013
© Florence Ducommun
© Florence Ducommun

Geri ALLEN (Pontiac, 1957), bien assise, le dos droit, les avant-bras parallèles au clavier, a joué imperturbablement une musique écrite : la main gauche joue des accords sur des rythmes carrés, la main droite les égrène ou, parfois, en plaque. Beaucoup de notes et peu de nuances - le piano étant amplifié, cela a pu étouffer quelques minces dynamiques- mais le mezzo forte était de règle. C’était un hommage à la Motown et à Detroit -genre et ville que nous connaissons mal-, mais la musique ressemblait plutôt à celle d’un élève de Claude Debussy.
Il s’est dégagé de cette heure de piano solo une grande impression d’uniformité sonore.





Milford Graves, le 2 février 2014.
au festival Sons d’Hiver - © Philippe Paschel
© Philippe Paschel

Milford GRAVES (Jamaica, NY, 1941) est entré seul, tout de blanc vêtu et s’est glissé à l’intérieur de son impressionnant matériel de percussion : un gong, plusieurs fûts et toms, des bongos, en plus d’une batterie traditionnelle. Pas d’atermoiements, aussitôt les rythmes complexes, la musique pulse. Appelés un à un, D.D. Jackson en noir, Bill Parker à l’africaine, Charles Gayle en gris incertain, feront leur entrée.
Les quatre musiciens improvisent collectivement, sans partitions : le pianiste joue des clusters, le rythme se voit sur son corps ; le bassiste est l’élément solide du groupe, et Charles Gayle -mal sonorisé- expose les mélodies avec un son épais, il hulule parfois.
Le concert était dédié aux musiciens d’autrefois pour montrer d’où vient le free-jazz. Milford Graves a évoqué Mongo Santamaria, Coltrane.
On a entendu aussi des bribes de thèmes, une sorte de mélodie mexicaine et un hommage à Albert Ayler -le lideur expliquant que Charles Gayle avait le son d’Albert Ayler.
Il y eut un bis, après des négociations un peu longues.

DD Jackson et William Parker, le 2 février 2014.
au festival Sons d’Hiver - © Philippe Paschel
© Philippe Paschel
Charles Gayle, le 2 février 2014.
au festival Sons d’Hiver - © Philippe Paschel
© Philippe Paschel

En un peu plus d’une heure, nous avons reçu de l’énergie pour plusieurs jours -comme nous l’avait promis le directeur de Sons d’hiver et présentateur, rôle qui tend à disparaître.
Cette musique est toujours présente, dans sa clarté et sa force. Le jeu du batteur crée un élan, une pulsation, qui n’est pourtant pas marqué par des rythmes réguliers, le pianiste participe aussi au rythme lorsqu’il n’est pas en solo, et le saxophoniste au gros son rugueux, comme s’il avait raclé toute l’histoire de l’instrument, nous porte dans l’énergie.

Dans le cadre du festival Sons d’Hiver 2014 :
Geri Allen (Piano), “Motown and Motor City Inspirations
Milford Graves (dms, vocaux), D.D. Jackson (piano) , William Parker (contrebasse), Charles Gayle (saxophone ténor).
Choisy-le-Roi, Théâtre Paul Éluard, dimanche 2 février 2014 17.00.

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