Vive l’éclectisme !

La diversité du jazz est une de ses grandes forces. Voici quelques éditions ou rééditions récentes regroupées ici sans souci thématique ! Eclectisme donc !

  Guillaume de Chassy - piano solo

Avec son compère contrebassiste Daniel Yvinec, le pianiste Guillaume de Chassy nous avait convié à une balade dans l’histoire de la chanson d’hier : chanson française avec Chansons sous les Bombes et mélodies américaines avec Wonderful World (parus également chez Bee Jazz).

Guillaume de Chassy - piano solo
Bee Jazz - 2007 - dist Abeille Musique

Il nous emmène là dans son jardin secret, les musiques qui l’accompagnent dans son cheminement personnel. Beaucoup de poésie, une fois encore dans ce nouvel album qui laisse transparaître, plus encore que dans les productions précédentes, la grande sensibilité du pianiste.

Pas d’esbrouffe, de clinquant ou de tape-à-l’oeil : de la sincérité et une profonde culture pianistique qui n’a que faire de barrières de styles. En témoignent Slava, en ouverture, basé sur un thème de Prokofiev, une valse traditionnelle bulgare (Valse bulgare) ou un thème de Marc Perrone (Valse Dombelle). On objectera peut-être que cela ne renvoie guère au jazz. On renverra alors à la manière dont Guillaume de Chassy s’approprie le Ugly Beauty de Thelonious Monk : une belle leçon de relecture respectueuse qui sait se démarquer de l’original. Qu’il reprenne un standard (I wish I knew) ou interprète une des six compositions/adaptations personnelles qui jalonnent ce disque, Guillaume de Chassy fait toujours preuve d’une grande intelligence musicale.

A une époque (la nôtre !) où le piano solo est en vogue (on sait aujourd’hui l’enregistrer magnifiquement !), ce disque apporte un témoignage fort de la diversité des approches du piano dans le jazz. Discrétion et talent sont ici une marque de fabrique.


> Guillaume de Chassy - piano solo - Bee Jazz - BEE021 distribution Abeille Musique

Guillaume de Chassy : piano

enregistré par Gérard de Haro au Studio La Buissone à Pernes-les-Fontaines en septembre 2006.

1. Slava (Serge Prokofiev concerto N°1 pour violon) / 2. Cantique (Guillaume De Chassy) / 3. Valse Dombelle (Marc Perrone) / 4. Ugly beauty (Thelonious Monk) / 5. Lune (Guillaume De Chassy) / 6. Valse bulgare (traditionnel) / 7. En attendant Constance (Guillaume De Chassy) / 8.Parenthèse (Guillaume De Chassy) / 9. Récapitulons (Guillaume De Chassy) / 10. I wish I Knew (Warren & Gordon)

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  Horacio "El Negro" Hernandez - Italuba II

Le batteur cubain Horacio Hernandez, dit "El Negro", installé en Italie depuis plusieurs années reste fidèle à ses racines cubaines, d’où le titre de cet album Italuba II (le précédent Italuba est paru en 2004). Il a participé à différents projets de musiciens cubains et américains. On se souvient, par exemple, de sa participation au groupe "Crisol" du trompettiste Roy Hargrove.

Horacio "El Negro" Hernandez - Italuba II
Cacao Musica - 2006 - dist. DG Diffusion

Le quartet présenté dans cet album est constitué, outre le batteur, de jeunes musiciens cubains résidant à Turin. La musique quant à elle n’a rien de très révolutionnaire dans sa forme, se situant dans la lignée du travail d’un Paquito D’Rivera (le titre Meridien lui est dédié) voire d’un Gonzalo Rubalcaba lorsqu’il est leader de petites formations. On retrouve une énergie roborative au niveau de la rythmique en particulier et on remarque plus particulièrement le trompettiste Amik Guerra Li Long capable de jouer avec virtuosité dans le style des trompettistes salseros mais également avec sensibilité et un phrasé intéressant.

Avec un jeu de batterie riche, exploitant cymbales, toms ainsi que divers apports de percussions, "El Negro" apporte indiscutablement une impulsion positive pour une musique dont le contenu thématique est assez inégal. On retiendra plus particulièrement Afternoon at the Boulevard pour son côté plus "jazz" ou le festif Meridien dans un esprit plus typiquement cubain. Indiscutablement, cette musique cherche à séduire mais ne convainc pas totalement, la recherche de la virtuosité un peu démonstrative peut lasser ou laisser indifférent !

On pourra toutefois se laisser séduire par cet album agréable, varié et tonique !


> Horacio "El Negro" Hernandez - Italuba II - Cacao Musica cacao001/EGEA - distribution DG Diffusion.

Horacio "El Negro" Hernandez : batterie / Amik Guerra Lig Long : trompette et bugle / Ivan Bridon Napoles : piano, claviers / Daniel Martinez Izquierdo : basse électrique, "baby bass"

Compositions de Horacio "El Negro" Hernandez, Amik Guerra Lig Long, Ivan Bridon Napoles, Daniel Martinez Izquierdo.

Enregistré en 2003 à Turin

1. Last Minute / 2. Te prima / 3. Afternoon at the Boulevard / 4. Mr. / 5. Divertimento / 6. Pati Metal / 7. A notice / 8. Meridien (dédié à Paquito D’Rivera) / 9. Sentimiento en re-sol / 10. Deseo / 11. Distancia

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L’intitulé ne trompe pas... la pochette non plus : on est bien dans la grande famille du jazz manouche, les héritiers de Django !

Moreno quintet - Django’s Club
Nocturne 2007 - dist. Nocturne

N’étant ni un spécialiste du genre, amateur mais sans plus, le chroniqueur écoute et remarque que cette formation possède un son propre qui la démarque un peu des formules habituelles de cette confrèrie. Sans doute la présence d’une rythmique (batterie et contrebasse) y est-elle pour quelque chose. La musique gagne en souplesse, les guitares, moins prégnantes laissent place à la clarinette et aux voix (Moreno et son épouse Marina). On note des escapades vers les cultures d’Europe de l’Est, sur les terres historiques des tziganes avec une clarinette qui flirte avec la culture klezmer (Caprice).

De toute évidence, Moreno est un guitariste de grand talent et la lecture de son dossier de presse prouve que tout n’a pas toujours été facile pour lui : la route, les galères, les rencontres, l’amitié... Plus que tout, c’est l’amour de la musique qui nous offre ici un disque très séduisant... Qu’en pensent les purs et durs du manouche ?


> Moreno - Django’s Club - Nocturne NTCD 405 - distribution Nocturne (parution 26/02/2007)

Moreno : guitare solo, chant / Nikak : guitare accompagnement / Stéphane Teboul : contrebasse / Florin Gügülica : clarinette / François Ricard : batterie / Marina : chant.

1. Boléro à Tchan-Tchou ( Paul Vidal Tchan-Tchou) / 2. Place de Brouckère(Django Reinhardt) / 3. Lioubov valse (Moreno) / 4. Tchawo (Moreno Chant) (S. Reinhardt) / 5. Blues en Mineur (Django Reinhardt) / 6. Boléro Tzigane (Traditionnel, arrangement Moreno) / 7. Caprice (Paganini) / 8. Marina Swing (Moreno) / 9. Ne te presse pas (Traditionnel, arrangement Moreno) / 10. Aven Romalé (Traditionnel) / 11. Sarè Patria (Marina Chant, Traditionnel, arrangement Moreno)

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C’était en 1969, sur la côte ouest des Etats-Unis, le saxophoniste/clarinettiste/flûtiste, John Carter et son complice Bobby Bradford réinventaient le jazz face au Pacifique.

En rééditant ce disque en 2006, il y a quelques semaines, le producteur Werner X. Uehlinger poursuit son travail de mémoire du jazz en perpétuel mouvement, toujours à l’affût de quelques rareté essentielles.

Affirmons-le clairement (et de façon peut-être subjective), John Carter (né en 1929) était un musicien admirable, sans doute à cause de sa discrétion qui n’a jamais empêché sans grande créativité de s’épanouir. Sa complicité avec Bobby Bradford a débuté en 1965 grâce, dit-on, à Ornette Coleman. Elle s’est poursuivie jusqu’à la fin de sa vie en 1991.

John Carter / Bobby Bradford - Seeking
Hat Hut / HatOlogy - réédition 2006 - dist. Harmonia Mundi

Cet album était paru à l’origine sous le nom du New Art Jazz Ensemble. Il est important de souligner cette volonté de mettre en avant le collectif et non deux co-leaders car la musique jouée ici réflète un réel travail d’ensemble sur des compositions toutes signées de John Carter.

Les thèmes joués sur tempo rapide, en particulier lorsque Carter est aux saxophones peuvent suggérer l’influence d’Ornette Coleman mais on trouve déjà les prémices de ce qui fera le style Carter / Bradford sur les thèmes où le tempo se dilue dans des trames plus vaporeuses comme sur Seeking (à la flûte) ou le remarquable Karen on Monday et son ostinato de contrebasse.

Plus tard, John Carter fut exclusivement clarinettiste et livra quelques magnifiques albums dans un style très personnel. Nous retiendrons en particulier Castles of Ghana (en octet) publié en 1986 chez Grammavision (réédité en CD) ou Comin’on en 1988 dans un quintet réuinssant Don Preston (transfuge des "Mothers" de Zappa !) et la rythmique Richard Davis / Andrew Cyrille ! Sans commentaires !

Seeking est le témoignage d’une époque mais vibre encore de son actualité. Cette musique n’a guère de rides et, de plus, la prise de son et le "remastering" sont impeccables !


> John Carter / Bobby Bradford Quartet - Seeking - Hatology 620 - distribution Harmonia Mundi

Enregistré à Los Angeles le 16 janvier 1969.

John Carter : saxophones alto et ténor, clarinette, flûte / Bobby Bradford : trompette / Tom Williamson : contrebasse / Bruz Freeman : batterie.

1. In The Vineyard (J.Carter) / 2. Karen On Monday (J.Carter) / 3. Sticks And Stones (J.Carter) / / 4. The Village Dancers (J.Carter) / 5. Seeking (J.Carter) / 6. Song For The Unsung (B.Bradford)


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