ART ENSEMBLE OF CHICAGO . the sixth decade, from Paris to Paris

RogueArt

Roscoe Mitchell : saxophones sopranino & alto
Famoudou Don Moye : batterie, percussions
Moor Mother : spoken word
Roco Córdova : voix (bass)
Erina Newkirk : voix (soprano)
Nicole Mitchell : flutes, piccolo
Hugh Ragin : trompette, bugle, cloches thai
Simon Sieger : trombone, tuba
Jean Cook : violon
Eddy Kwon : alto
Tomeka Reid : violoncelle
Brett Carson : piano
Silvia Bolognesi : contrebasse
Junius Paul : contrebasse
Jaribu Shahid : contrebasse, basse
Dudu Kouaté : percussions
Enoch Williamson : percussions
Babu Atiba : percussions
Doussou Touré : percussions
Steed Cowart : direction

Bienvenue dans un autre monde, celui de l’Art Ensemble of Chicago. Si Lester Bowie, Malachi Favors et Joseph Jarman ne sont plus de ce monde, le nôtre, Roscoe Mitchell et Famoudou Don Moye officient encore. Existant depuis 1967, le groupe a pris son nom définitif en 1969. Il a depuis multiplié les rencontres avec d’autres musiciens et n’a jamais dévié de son but initial : défendre les musiques afro-américaines. Naturellement, l’AEC le fait à sa manière, à la pointe de l’avant-garde. Si à ces débuts, le free prenait une place essentielle, l’on s’aperçoit aujourd’hui que, s’il est encore bien présent, la composition prend une place plus grande dans l’instant scénique. Il n’en demeure pas moins qu’un concert de l’AEC est toujours un événement qui apporte son lot de surprises. Cet enregistrement réalisé en 2020 en France (Maison des arts de Créteil) ne déroge pas la règle. La poétesse Moor Mother est de la partie, Tomeka Reid aussi, et bien d’autres qui portent une musique totalement libre qui convoque aussi bien l’ancestral que le présent incertain. Et même si au long de ces cinquante dernières années le groupe a connu des baisses de régime, il n’en demeure pas moins un exemple quasi unique dans les mondes parallèles du jazz. Ce disque en atteste et conforte son statut de libertaire intègre ouvert sur tous les possibles.


https://rogueart1.bandcamp.com/album/the-sixth-decade-from-paris-to-paris


  CATALI ANTONINI . L’océan sonore

Klarthe Records

Catali Antonini : chant
Stéphane Pelegri : piano, Fender Rhodes (1,4,6,8,10), vibraphone (15)
Greg Théveniau : basse
Hervé Humbert : batterie

Catali Antonini possède une voix qui n’a rien en commun avec notre époque lisse et convenue. Il y a chez elle des graves et du grain, une aisance à grimper le long des octaves, bref, il y a de la matière, de celle que nécessite un chant sensible et riches en couleurs chaleureuses. Toujours précise et claire, fort bien accompagnée par des fidèles, elle habite des mélodies aussi expressives que propice à l’intime. Infiniment douée pour le scat, elle l’utilise avec une virtuosité suffisamment rare pour être signalée. Dans ce bel album, la méditerranée qui est sa source infuse dans les compositions interprétées avec autant de finesse que d’audace. Ne reniant pas se amours passées, Catali Antonini peut se permettre un écart funk, un écart soul ou même une intro aventureuse sans paraître décalée. Cela doit être ça l’expérience, une capacité à se balader entre les genres sans mièvrerie et toujours avec un engagement total. Beau disque.


www.cataliantonini.com


  ICHIRO ONOE . Message from water

Promise land

Ichiro Onoe : batterie
Geoffroy Secco : saxophone ténor
Ludovic Allainmat : piano, Fender rhodes
Damien Varaillon : contrebasse

Invité :
Thierry Peala : voix

Japonais installé à Paris depuis deux décennies, Ichiro Onoe appartient à cette catégorie de batteurs aériens, de ceux qui savent caresser les peaux et autres cymbales sans casser les oreilles de l’auditeur, ce qui ne signifie pas que leur jeu est plat et sans intérêt, bien au contraire. Amoureux du swing, à l’évidence, Ichiro Onoe poursuit avec cet album son projet intitulé « Who I am ». Précédé par « Wind child » (2014) qui se réfère au vent, « Miyabi » (2018) sur la thématique du feu, « Message from Water » abord l’élément aquatique. Le disque est construit autour d’un jazz moderne qui aime à varier les rythmes sans casser la dynamique propre à chaque morceau. Avec un quartet très homogène, le message passe aisément.


https://www.ichiroonoe.com/fr/


  OLIVIER TEMIME . Inner songs

Day After Music

Olivier Temime : saxophones
Emmanuel Bex : Orgue et claviers
Etienne Deconfin : piano
Samuel Hubert : contrebasse
Arnold Moueza : percussions
Antoine paganotti : batterie

Invités :
Oxmo Puccino et Stéphane Belmondo

Voilà un disque qui sait ce que décloisonnement veut dire. Sa musique avance tous azimuts, nourrie d’influences multiples auxquelles elle se frotte avec une gourmandise non feinte. L’expressivité du saxophoniste n’est pas pour rien dans cette réussite car il sait faire de sa personnalité musicale un médium dans lequel toutes les musiques sont à l’aise. Emmanuel Bex est de la partie, ce qui ne gâche rien, mais les autres musiciens présents (des jeunes et des moins jeunes) ne font pas de la figuration, loin s’en faut (le piano d’Etienne Deconfin est limpide). L’ensemble est haut en couleurs musicales, parfaitement enregistré, maîtrisé de bout en bout, et mérite une écoute attentive pour goûter aux multiples saveurs exposées par le groupe au gré des morceaux. Mélodique et dynamique, lyrique à bon escient, charnu même, ce nouveau disque d’Olivier Temime est tout sauf fade. Bonne pioche.


https://www.oliviertemime.com/