NICOLAS FISZMAN

Cristal Records

Nicolas Fiszman : guitares
Ziv Ravitz : batterie
Nicolas Thys : contrebasse
Olivier Bodson : bugle, trompette
Frank Deruytter : saxophone ténor
Arnould Massart : piano (2,11)
Nicolas Andrioli : piano (1, 12)
Tuur Florizoone : accordéon (6)
Philip Catherine : solo guitare (6)

Le jazz belge possède une sonorité et une forme de lyrisme qui n’appartiennent qu’à lui. On le vérifie encore ici avec ce très beau disque du guitariste (et bassiste) Nicolas Fiszman. Une rythmique de luxe avec Ziv Ravitz et Nicolas Thys, deux vents et quelques invités, c’est amplement suffisant pour qu’il insuffle à l’ensemble une couleur originale qui démarque ses compositions et lui donne leur sel. Plutôt mid tempo avec des brisures rythmiques bienvenues, l’album privilégie des atmosphères amples et fluides qui ne sont pas sans rappeler Philip Catherine, présent pour un solo sur la piste 6 du Compact disc. Ce n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard puisque la légende de la guitare belge donnait des cours au petit Nicolas quand il avait 11 ans (et il n’en n’avait pas 18 ans quand il joua sur End of august en 1982). Quoi qu’il en soit, le leader d’aujourd’hui a sa propre personnalité, elle est brillante et cela s’entend à tout instant. Parfaitement soutenu par des solistes de grande qualité, il développe un jeu clair qui va à l’essentiel, idéal pour porter ses mélodies entêtantes. Un très beau disque.

Sortie le 03 mars


https://www.instagram.com/nicolasfiszman/?hl=fr


  ORBIT . In-visibility

Yolk Music

Stephan Oliva : piano
Sébastien Boisseau : contrebasse
Tom Rainey : batterie

Nous parlions au printemps dernier de ce trio, vu à l’Opéra Underground, et de sa capacité à créer un espace musical protéiforme, bourré d’interaction, dans un cadre élastique où les couleurs et les résonances se succèdent et s’entremêlent pour en faire naître d’autres. On les retrouve en studio avec ce disque inspiré qui ne dément absolument pas nos propos passés. Mais les trois musiciens n’étant pas des lapins de trois semaines, le contraire aurait été étonnant. C’est toujours aussi épatant de constater à quel point l’alchimie qui les réunit fonctionne. Cela semble à tout moment naturel, évident. Leur musique vous attrape et vous immerge dans leur univers avec une aisance confondante ; elle est tournée vers les étoiles, elle fouille les recoins de la cosmogonie, se satellise dans l’infiniment grand et évoque une sorte de temporalité étendue dans laquelle vous vous perdrez avec délice. Si on vous dit que c’est de la belle ouvrage, croyez-nous, c’est bien de cela qu’il s’agit. Et peut-être même un peu plus. A écouter sans tarder.

Sortie le 03 février


https://www.yolkrecords.com/fr/?p=album&id=88


  JULIE CAMPICHE QUARTET . You matter

Enja

Julie Campiche : harpe, fx
Léo Fumagalli : saxophone, fx
Manu Hagmann : contrebasse, fx
Clemens Kuratle : batterie, fx

Nous avions aimé son premier disque, il en va de même du deuxième. L’alliance de l’acoustique et de l’électronique est toujours présente et cette sonorité particulière est pour beaucoup dans la dramaturgie musicale que le quartet crée. C’est une sorte d’intimité expressive, installée dès les premières notes, qui définit le mieux cette musique que l’on sent angoissée, interrogative du monde dans lequel elle s’exprime. Expérimentale par essence, elle ausculte les tréfonds de nos errements et, sur la planète qui est la nôtre, ce n’est pas toujours joli à voir ; on le sent parfaitement dans ces compositions ouvertes, aussi conceptuelles que sensibles. La complexité harmonique de l’ensemble, la structure même de la musique, rehausse le propos de la harpiste. Le quartet est rôdé, homogène, et entièrement voué à l’univers musical troublant que développe Julie Campiche. Une chose est certaine, sa voix s’élève d’un territoire original qui n’appartient qu’à elle et c’est assez rare pour être remarqué et vivement conseillé.

Sortie le 03 février


https://juliecampiche.bandcamp.com/album/you-matter


  ORNICAR . Nox

Puzzle association

Renan Richard Kobel : saxophone baryton, effets
Joachim Machado : guitare, effets
Côme Huveline : batterie, effets

Ce trio de jeunes musiciens offre à l’auditeur une musique aux ambiances multiples bien ancrée dans son époque. Elle peut être assez jazz et un peu plus loin ressembler à un power trio bien rock, voire même progressif. On ne s’en plaint pas, on n’est pas sectaires. Mélodique et tourmentée, la musique d’Ornicar explore un univers dans lequel le contraste est une pierre angulaire sur laquelle s’appuie le trio pour développer une narration qui par certains côtés est épique. Dense et empreinte de sonorités contemporaines, elle laisse à chacun des membres du groupe une liberté suffisante pour que s’expriment leurs talents respectifs. Plus souvent bouillonnant qu’apaisé, le trio est bien huilé et favorise en toute occasion la mélodie. Contemporain donc et intéressant à plus d’un titre. A vous de voir (et surtout d’écouter).


https://www.facebook.com/Ornicarmusic/