GRAHAM COLLIER . Down another road @ stockolm Jazz days ‘69

MyOnlyDesire Records

Graham Collier : contrebasse
Harry Beckett : trumpet
Stan Sulzmann ; saxophones alto et soprano
Nick Evans : trombone
Karl Jenkins : hautbois, piano
John Marshall : batterie

Dans ce qu’il est convenu d’appeler le « british jazz progressive », Graham Collier fut en son temps une éminence du genre. Renommé pour son sens aigu de la composition, il se produisit partout de par le monde jusqu’à son décès en 2011. Avec ce concert, inédit à ce jour, l’on retrouve le son et l’inspiration d’une époque. Le jazz avance en liberté, se permet d’emprunter toutes les tangentes et s’évertue à susciter l’étonnement. Dans des structures complexes, les mélodies se développent à leur aise, toujours guidées par le contrebassiste leader, et font croire à la simplicité avant de bifurquer vers l’inconnu et de surprendre l’auditeur, toujours de la plus musicale des façons. Et puisque on parle d’inconnu, il est notable qu’une douzaine d’années après sa mort Graham Collier soit pour ainsi dire oublié. C’est très regrettable car sa musique est véritablement intéressante à bien des égards. Il vous suffira d’écouter cet enregistrement en concert pour le comprendre. Recommandé.


https://web.archive.org/web/20140104130511/http://www.grahamcolliermusic.com/


  MARGHERITA FAVA . Tatatu

Autoproduction

Margherita Fava : piano
Greg Tardy : saxophone ténor, clarinette
Michael J Reed : batterie
Javier Enrique : contrebasse

Sortie le 10 mars

Margherita Fava est une jeune pianiste italienne, fille de musiciens classiques, installée dans le Tennessee. Tatatu est son premier album. Il appartient à un jazz d’aujourd’hui qui n’ignore pas les anciens. Six compositions originales pertinentes et deux reprises (Monk, Kern Hammerstein II) constituent un ensemble homogène au sein duquel chaque musicien trouve sa place et l’espace pour s’exprimer pleinement. La pianiste, avec un jeu souple qui sait être percussif, mène les débats avec assurance et le quartet n’hésite pas à « y aller franchement ». Greg Tardy développe des soli inspiré et ne prive pas de tutoyer les aigus. La rythmique est dense et précise. Tout va plutôt bien pour ce quartet à la modernité travaillée et il nous a semblé que Margherita Fava ne manquait pas d’avenir. C’est une bonne nouvelle, non ?


https://margheritafava.com/


  CHIMERES

Compagnie 4000

Anne Quillier : piano
Simon Girard : trombone
Romain Dugelay saxophone baryton & compositions

Sortie le 17 mars

Dans ce drôle de bestiaire acoustique, les animaux s’entremêlent les uns aux autres et portent des noms étranges. Si l’on considère les instruments présents dans le trio, l’on pourrait croire à une nouvelle forme de jazz chambre ; Ce n’est pas faux mais un peu réducteur car la pièce est habitée par des bizarreries musicales quelquefois inquiétantes. Les souffles se croisent entre les cordes qui cliquètent et claquent sur des chemins que le trio débroussaille en cours de route et qui semblent se refermer sur eux. Étonnamment, les mélodies possèdent intrinsèquement une forme de sérénité qui contraste avec l’onirisme débridé (assez sombre aussi) du projet. Plus souvent hypnotique qu’à son tour, la musique interroge l’auditeur par la densité des dialogues et l’approche multiple de la thématique. Elle se répand en vagues, avec des points d’acmé subtils, et échappe à tous les genres qu’elle aborde. À l’écoute, elle interpelle par sa profondeur et son absence de frontière. Un disque d’explorateurs qui aiment creuser !


https://www.compagnie4000.com/group/chimeres/


  JOEL HARRISON & ANTHONY PIROG . The great mirage

AGS Recordings

Joel Harrison : guitares, toy piano, Fender Rhodes, bols tibétains et Mélotron
Anthony Pirog : guitares, synthétiseur
Stephan Crump : basse
Allison miller : batterie, Moog

Sortie le 17 mars

Du côté de notre discothèque, Joel Harrison et Anthony Pirog étaient jusqu’à présent de parfaits inconnus. Nous connaissions par contre le bassiste et la batteuse, ce qui nous engagea à écouter ce disque. De prime abord, le jazz rock et le jazz fusion sont au rendez-vous et le moins que l’on puisse dire est que l’énergie développée par le quartet flirte avec une violence quasi punk. Mais il s’avère aussi que morceaux lents surviennent et que l’on soit soudain confronté à une musique plus proche de l’americana ou d’ambiance planante à la Jeff Beck que du jazz à proprement parler. Une chose est certaine, les quatre musiciens s’entendent comme larrons en foire et propulsent la musique avec une assurance et une technicité redoutables. Comme souvent dans ce genre d’album, le pathos peut tutoyer un lyrisme que d’aucuns pourraient penser un peu envahissant. De notre point de vue, on trouve que le quartet a su globalement éviter l’écueil, notamment en incluant de l’électronique et divers instruments qui rehaussent l’ensemble. Un disque plein de contraste à découvrir.


www.joelharrison.com