JEAN PIERRE COMO . Com ô Paradis

Paradis improvisé

Jean-Pierre Como : piano

Bon, on ne va pas vous le cacher, ce disque en solo de Jean-Pierre Como est une petite merveille. Petite merveille de douceur, petite merveille mélodique, petite merveille d’intimité musicale, liste non exhaustive bien évidemment. D’un bout à l’autre de l’enregistrement, le pianiste explore des paysages naissant sous ses doigts d’une luminosité aussi harmonieuse que tranquillement voluptueuse. Avec ce toucher qui n’appartient qu’à lui, sur le ton de la confidence, il offre en partage des éclats de vie minuscules, les pièces d’un kaléidoscope intérieur, qui s’articulent les uns aux autres avec une finesse et un à propos qui définissent les tréfonds de l’instant, ses émotions et sa continuité. Le mouvement ample qui, dans sa lenteur primale parcourt la musique, exacerbe les attentes de l’auditeur, attentes jamais déçues. C’est généreux, sensible, symbiotique et donc essentiel pour l’une ou l’autre de vos étagères.


https://jeanpierrecomo.com/


  JS BACH / DAN TEPFER . Inventions / Reinventions

StorySound Records

Dan Tepfer : piano

Les Inventions de Bach datent de 1723. Dan Tepfer s’en empare et les détourne un tant soi peu. De fait, comme il l’affirme, il réagit « à quelque chose de plus abstrait, à la façon dont Bach s’engage dans la narration. » Plus intuitif dans sa démarche, il livre une somme musicale étonnamment bachienne et tepferienne à à la fois. L’équilibre est subtil et le pianiste le tient sans jamais défaillir (bien que nous nous demandâmes tout du long quand cela allait arriver). Absolument maîtrisé et inclassable, ce disque se démarque d’autres enregistrements dédiés au maître du baroque par le fondement de son approche. Mais c’est un disque de plus consacré à Bach, il est certainement l’un des compositeurs les plus joués dans le jazz ses dernières années, et l’on s’interroge malgré nous sur la présence de plus en prégnante du classique dans le jazz. Le jazz n’a-t’il plus rien à dire et moins encore à créer ? Nous n’avons pas la réponse. Mais nous savons que cet excellent disque, par sa finesse d’interprétation et sa capacité à tutoyer l’onirique, vous plaira autant qu’il nous a plu.


https://www.dantepfer.com/


  SIRIL MALMEDAL HAUGE & KJETIL MULELID . Blues and bells

Grappa

Siril Malmedal Hauge : chant
Kjetil Mulelid : piano

Invités :

Hildegunn Øiseth : bukkehorn (3), Flûte (8)
Henriette Eilertsen : flûte (5)

Piano voix ? On ne vous dira pas que l’on déteste ça, bien au contraire. Et ce duo norvégien possède toutes les qualités que l’on aime trouver dans un duo. L’homogénéité, l’atmosphère, le feeling et la complémentarité, la musicalité. Autour d’une playlist éclectique, le duo construit un univers suffisamment original pour ne pas être ignoré. Kjetil Mulelid à lui seul mérite le détour. Plus qu’un accompagnateur lambda mettant en valeur sa partenaire, il est un élément qui sait lui répondre et surprendre dans le même temps, avec notamment une clarté percussive dans le jeu en tout point remarquable. Siril Malmedal Hauge quant à elle distille majoritairement un chant nuancé, enrichi de quelques envolées jamais criardes) avec un timbre légèrement voilée qui sied à l’ambiance septentrionale du disque. Si l’ambiance générale est jazzy, les mélodies abordent divers genres et l’on n’a pas pu s’empêché de penser à Joni Mitchell sur un ou deux titres, entre autres. Tout semble simple dans cet album aux résonances multiples, très travaillé et riche de ses détails.


https://sirilmalmedalhauge.com/siril-malmedal-hauge-kjetil-mulelid


  PIERRE L. CHAMBERS . Shining moments

Dash Hoffman Records

Pierre L. Chambers : chant
Karen Hammack : piano
Henry Franklin : contrebasse
Clayton Cameron : batterie
Jeff Kaye : trompette
Dori Amarilio : guitare
Cathy Segal-Garcia : backgrounds

Nous avons de prime abord écouté ce disque par curiosité car Pierre Chambers est le fils de Paul, contrebassiste iconique décédé à trente-trois ans en 1969. C’est d’ailleurs un hommage à ses parents, sa mère d’abord à avec le titre « This Mother », interprété sur un mode récitatif (Pierre Chambers est également poète) et, ensuite, son père avec « This Father », lui aussi parlé avec pour seul accompagnement une contrebasse. Les textes de ces deux pièces sont d’ailleurs d’une densité et d’une sensibilité touchantes. Pour le reste, hormis ces deux morceaux, c’est du jazz parfaitement joué et la voix du leader, avec son grain marqué par les années, est redoutable d’efficacité, sans fioritures. De beaux standards sont au programme et le groupe qui l’accompagne fait un travail ancré dans la nuance (qui nous ramène à l’époque où son père jouait avec eux). Ces musiciens-là ne sont visiblement pas friands d’esbroufe et cela nous convient très bien. Après une ou deux écoutes, nous avons été convaincus du bien fondé de cet enregistrement (son premier disque...) qui contient un je ne sais quoi faisant toute la différence. Il est probable que dans nos contrées ce Cd passe inaperçu, une raison suffisante pour vous en parler.


https://www.facebook.com/mpcjazzgem