TANIA GIANNOULI. Solo

Rattle Records

Tania Giannouli : piano

La pianiste grecque porte en elle ce qui fait sa musique, c’est du moins l’impression que cela donne à l’écoute de ce disque en solo fait d’un lyrisme solaire, enivré de méditerranée, qui doit puiser dans la profondeur la fraîcheur qui l’habite comme l’originalité de son propos. Capiteux dans son expression, il est également moderne dans son approche ; la pianiste explore son instrument autant que sa musique et s’efforce de contourner le cours du temps par une forme de continuum mélodique aussi organique qu’obsédant. A l’écoute, l’auditeur est pris dans les mailles d’un vaste chant grisant qui enchaîne les climats et les atmosphères avec une formidable limpidité. Et Tania Giannouli se ne souciant pas des frontières et des genres, elle offre à l’auditeur un moment d’intemporalité musicale comme on en entend assez rarement. Organique et sensuel, nourri d’un expressionisme introspectif éclatant, il est tour à tour optimiste et inquiétant, filmique de par l’exposition de ses paysages multiples et complémentaires. Nous avons eu l’impression d’accéder à une version musicale d’un standard littéraire grecque incontournable : L’Iliade et l’odyssée. Étonnant, non ?


https://www.taniagiannouli.eu/


  ELEONORA STRINO . I got Strings

CamJazz

Eleonora Strino : guitare
Greg Cohen : contrebasse
Joey Baron : batterie

Encore une artiste que nous découvrons avec ce disque publié chez CamJazz, Eleonora Stino, qui comme son l’indique est italienne. Accompagnée par Greg Cohen (bassiste de Tom Waits entre autre) et Joey Baron (qu’on ne présente plus), elle propose un Cd bien jazz de chez jazz, tour à tour alerte et calme, pour le moins séduisant. Faussement classique dans la forme, le jeu de la guitariste est aussi créatif que sensible. En toute occasion, elle fait preuve d’une fluidité notable. La playlist, si elle est d’un classicisme absolu (il y a bien lpongtemps que l’on n’avait plus écouté I let a song go out of my heart), est jouée de telle sorte que se laisse prendre sans effort par sa musicalité première et le traitement que le trio lui applique. Greg Cohen et Joey Baron font pour leur part tout ce qu’il faut pour conforter dans sa quête le jeu d’Eleonora Strino et l’ensemble est parfaitement équilibré. C’est un disque de standards qui pourrait selon nous devenir un standard du trio guitare/contrebasse/batterie. A découvrir séance tenante.


https://www.eleonorastrino.com/


  ELINA DUNI . A time to remember

Ecm

Elina Duni : voix
Rob Luft : guitare
Matthieu Michel : bugle
Fred Thomas : piano, percussions

Nous avions aimé (comme beaucoup) Lost Ships (2020) et nous ne serons pas seuls à aimer ce nouveau disque d’Elina Duni. Accompagnée par les mêmes musiciens, elle déploie une large géographie musicale allant du traditionnel aux standards de Broadway, sans omettre de glisser quelques compositions personnelles coécrites avec le guitariste. L’alchimie du quartet est toujours présente et l’on se plaît à écouter les nappes mélodiques qu’il tisse autour de la chanteuse. Elle, toute de maîtrise et de sensibilité, évite la vaine virtuosité au profit d’une veine, douce et intuitive, ancrée dans l’humanité du chant, dans une élégante profondeur qui échappe à la temporalité. Les musiciens, entre eux et avec elle, font montre d’une sorte de capillarité qui les unit dans un flux constant conférant aux mélopées une douceur aérienne qui n’est jamais creuse (First song) est presque Bakerienne…). Le quartet, Elina Duni en tête, nous offre un disque réconfortant, habité par des couleurs aux irisations perlées d’une belle délicatesse.


https://elinaduni.com/


  JODY STERNBERG & ALAIN JEAN-MARIE . Castles in the sand

Bonsaï music

Jody Sternberg : voix
Alain Jean-Marie : piano

Nous ne connaissions pas Jody Sternberg jusqu’alors. Le fait qu’elle soit sur ce disque accompagnée par Alain Jean-Marie nous a mis la puce à l’oreille. Australienne passée par la Berklee (elle était alors saxophoniste), elle a par le passé collaboré avec Arthur H, Morcheeba et d’autres, ce que l’on appelle un parcours riche et varié. Avec un grain particulier dans le timbre de voix, une palette de nuances du plus bel effet, notamment dans les graves), elle donne l’impression de se confier sans filtre à l’auditeur. Et quitte à parler de nuance, le pianiste ne se prive pas de l’accompagner sur ce chemin et les deux ensemble constitue un jalon de plus dans ce que l’on nomme l’art du duo organique. Le disque s’achève sur un As time goes by chanté en français épatant et le suicide is painless, theme from M.A.S.H de Bill Evans en tout point remarquable. A découvrir.


https://jodysternberg.com/