Francois Chesnel - Thierry Lhiver duo chez l’habitante, 2 (…)

Cherbourg (centre ville) vendredi 2 juin 2023 : Francois Chesnel - Thierry Lhiver duo chez l’habitante.

Y compris pour un Manchot (habitant de la Manche) se rendre à Cherbourg constitue un voyage. Le grand port reste un bout du monde.
Dans une bâtisse signée de l’illustre architecte René Levavasseur, François Chesnel et Thierry Lhiver sont conviés à jouer le programme de leur splendide « Japanese song » (label Bruit Chic). Chesnel et Lhiver naviguent dans les hauteurs de la scène Normande, cultivent le mystère, leitmotiv de leur
« Japanese song ».
Outre « Misterioso » de Monk, trois compositions de leurs plumes, intitulées « Mystère », « Mystère, mystère » et « Mystère, mystère, mystère » habitent cet enregistrement paru en 2011. Depuis tout semble s’être éclairci pour les deux comparses. La présence de Thelonious Monk perdure au programme ce vendredi incluant « Eronel », « Hackensack », « Bemsha Swing », mais le ravissement survient quand sonnent leurs propres compositions dont le chant titre japonisant signé François Chesnel ou de petites merveilles telles « Océans » « For T » composées par Lhiver ou Chesnel ou des deux.

Gratifié d’un Yamaha C6, François Chesnel prend les rênes de l’attelage, fait vrombir les basses du demi-queue, crée le groove qui culminera avec le thème de Dave Holland « Not For Nothing » titre qui pourrait figurer sans souci au répertoire d’un show de Maceo Parker.
Thierry Lhiver ne figure pas encore dans le top des trombonistes : ensemble cherchons l’erreur. Un parcours d’infatigable pédagogue (Cherbourg, Granville, Caen) ne lui a pas encore offert une reconnaissance de soliste au delà de ses terres natales. L’entendre dans ce contexte où toute tentative de frimer constituerait un suicide public, le met en pleine lumière.
Le set touche à sa fin, un coup de chapeau des enfants présents pour assurer la recette puis un rappel où l’hôte du jour redemande l’interprétation de « la Javanaise », précédemment interprétée toujours à sa demande. Une javanaise (signée de l’auteur de Black trombone) qui identifie son habitation, conforte un public aussi dense qu’avisé, convié de venir avec son siège. On y aperçoit outre l’indispensable accordeur de piano (et batteur) Ariel Mamane venu en voisin, la mémoire historique du festival Jazz sous les pommiers, André Levaufre. En mode certification, nombre de militants, tous plus érudits les uns que les autres, de l’association Presqu’île Impro-jazz, engagée dans des programmations audacieuses, confirment l’excellence de l’initiative.
Un petit rafraîchissement dans le jardin et la route nous attend. Le voyage à Cherbourg en appellera d’autres pour les mélomanes aventureux.