GJERMUND LARSEN TRIO . Tøyen sessions

Grappa Music

Gjermund Larsen : violon
Andreas Utnem : piano
Sondre Meisfjord : contrebasse

L’église de Tøyen, en Norvège, est le lieu de répétition de ce trio depuis 2005 et c’est là qu’ils ont préparé et enregistré ce disque. Pour tout dire, les trois musiciens touchent à la perfection sur chacune des pièces qu’ils interprètent. Tout sonne dans cet album comme une évidence. Les mélodies sont envoûtantes et, dès la première écoute, elles prennent place dans votre esprit comme de vieilles connaissances. L’interaction entre les trois membres du trio est elle aussi flagrante et l’on ne dira jamais assez l’importance de la pérennité pour les formations, quelles qu’elles soient. Dans ce voyage musical qui va du matin au soir, au gré des titres, chaque ligne est travaillée dans la nuance et l’acoustique du lieu les sublime. Tout est chaleureux dans cet enregistrement et empreint d’une joie sereine qui englobe l’auditeur dans ses méandres. Est-ce une musique folklorique ? Est-ce du jazz ? Est-ce autre chose encore ? Nous ne saurions dire et ne cherchons pas à savoir. Ce qui est indubitable, c’est que cette musique est originale et qu’elle ne vous lâchera pas tant son authenticité est patente et émouvante. Il y a bien longtemps qu’un disque ne nous avait pas à ce point interpellé. Ce devrait également être votre cas. Un disque lumineux.


https://gjermundlarsen.bandcamp.com/album/t-yen-sessions


  YOANN LOUSTALOT . Oiseau rare

Bruit Chic

Yoann Loustalot : trompette, bugle
Julien Touéry : piano
Marie-Violaine Cadoret : violon
Cécile Grenier : alto
Atsushi Sakai : violoncelle
Yvan Gélugne : contrebasse
Matyas Szandaï : contrebasse (5.6.9)

Yoann Loustalot serait-il en train de réaliser un bestiaire musical ? Après le yéti électrisé, voici un oiseau rare doté d’un plumage à cordes du plus effet. Avec ce type de formation, on parle souvent de jazz de chambre. En l’occurrence, nous dirions que, dans cet enregistrement, le jazz est dans l’alcôve. Toujours prêt à sortir au détour d’une phrase, il laisse néanmoins de l’espace à une autre forme musicale hybride dans laquelle il sent visiblement à l’aise, avec laquelle il s’accorde. D’une pièce à l’autre, l’univers global du disque avance et détaille les nuances qui le constituent, épouse pour un temps un genre, le délaisse au profit d’un autre sans jamais nuire au courant intrinsèque de l’ensemble. C’est paisiblement minimaliste, ici et là un peu plus expressionniste, par moment presque cinématographique et souvent pictural. A la surface de l’onde mélodique, quelques lents remous irisent telle ou telle ligne, soulignent une note ou un accord ; et c’est le paysage d’une nature vivante qui se révèle ainsi, vu du ciel, par les yeux d’un oiseau rare que personne ne peut attraper. Notons enfin que sur quelques morceaux, le contrebassiste Matyas Szandaï, brutalement disparu au mois d’août dernier, nous fait don de sa présence musicale.


https://yoannloustalot.com/


  GEORGE KONTRAFOURIS TRIO / LAURENT MAUR . Vin doux

Lubans Music

George Kontrafouris : piano
Nitnos Manos : contrebasse
ThanosHatzianagnostou : batterie
Laurent Maur : harmonica

Laurent Maur aime le jazz stricto sensu, avec tout ce qu’il contient de variantes à explorer. Dans cet album enregistré à Athènes en compagnie du trio de George Kontrafouris, lui et ses collègues de session mettent en avant un jazz que les avant-gardistes de tout poil qualifieront de passéiste. Nous, on s’en fout, un peu, beaucoup, car on aime la musique bien faite, la musique qui respire, la musique qui parle aux oreilles sans les faire nécessairement saigner. Et puis l’harmonica est assez rare pour que l’on prenne plaisir à l’écouter, surtout quand il est entre les mains d’un virtuose qui ne l’utilise pas pour épater la galerie, mais bien pour faire une musique qui s’écoute et qui voyage. Avec un excellent trio grec, inconnu jusqu’alors de nos services, Laurent Maur partage les compositions originales et toutes sonnent comme on apprécie qu’elles résonnent ; ce sont presque des standards, à l’oreille comme dans la forme, avec ce qu’il faut d’actuel pour ne pas répéter les temps anciens. C’est fichtrement bien fait, c’est joyeux et aérien, c’est fin et travaillé. Bref, ce serait stupide de ne pas l’écouter ; vous avez tout à y gagner, c’est-à-dire un bon moment de plaisir musical jazz.


https://www.laurentmaur.com/


  YVAN ROBILLIARD . Lifetimes

Le Triton

Yvan Robilliard : piano, Fender Rhodes
Laurent David : basse
justin Faulkner : batterie

Rendre hommage à Tony Williams n’est pas une mince affaire. Yvan Robillard et ses collègues s’y collent et, soyons clairs, ils ne déméritent pas. Au piano ou au Fender Rhodes, le leader porte le projet et ses accompagnateurs ne manquent pas de le soutenir de fort belle manière. Les structures rythmiques sont riches de détail, les phrases pleines et déliées, soumises à la pulsation. Il est dit dans les notes d’intention qu’elles été travaillées encore et encore avant l’enregistrement. C’est une évidence à l’écoute que ce trio était prêt pour donner sa musique et le résultat est là. Aucun plagiat, juste une appropriation stylistique, une exploration personnelle d’un univers qui a de beaux jours devant lui. L’enregistrement s’est déroulé dans les conditions du direct et cela apporte un véritable plus au projet, notamment quant à son homogénéité.


https://www.yvanrobilliard.com/