YUHAN SU . Liberated gesture

Sunnyside Records

Yuhan su : vibraphone
Caroline David : saxophone alto, récitante
Matt Mitchell : piano
Marty Kenney : contrebasse
Dan Weiss : batterie

Nous ne connaissions pas la vibraphoniste taïwanaise Yuhan Su mais Matt Mitchell au piano et Dan Weiss à la batterie nous ont mis la puce à l’oreille et l’oreille dans le disque. Bien nous en pris. La musique Yuhan Su, de formation classique, s’affranchit volontiers des conventions et explore avec une force sereine des contrées parallèles ne manquant pas d’attrait. Libre et construite autour de cette notion fondamentale, elle se développe entre langueur et puissance maîtrisée. Le métronomique Dan Weiss assure une assise à l’ensemble qui permet à chacun des musiciens une expression musicale de toute beauté. La vibraphoniste, quant à elle, se comporte en membre du groupe plutôt qu’en leader et l’enregistrement n’en est que plus cohérent. Les titres sont dans leur majorité d’un expressionnisme coloré proche d’une forme d’abstraction moderne non dénué d’intérêt. Sur l’un d’eux, Caroline Davis se transforme en récitante et sert un beau texte (en anglais). Il est à noter que Yuhan Su est grandement intéressée par la peinture de Hans Hartung, par la force et la liberté de son geste. Peut-être est-ce pour une part décelable dans son disque.


https://www.yuhansu.com/


  HENRI TEXIER . An indian’s life

Label Bleu
Henri Texier : contrebasse, compositions
Himiko Paganotti : voix
Carlos Nardozza : trompette, bugle
Sébastien Texier : sacophone alto, clarinette, clarinette alto
Sylvain Rifflet : saxophone ténor, clarinette
Manu Codjia : guitare
Gautier Garrigue : batterie

La contrebasse d’Henri Texier chante encore. Dans cet album, le troisième à connotation amérindienne en trente ans, elle possède encore et toujours ce charme particulier constitué d’une rondeur expressive et d’une sonorité ample, à nulle autre pareille. Et elle chante d’autant mieux qu’il est bien accompagné. De côté-là, on ne s’inquiète pas, il sait choisir ses acolytes et surprendre encore. Ici, c’est Himiko Paganotti qui étonne, non par ses qualités que l’on connaît depuis longtemps, mais par son contre emploi qui s’avère être amplement justifié et judicieux. Quant à la musique, elle correspond en tout point à ce que l’auditeur averti attend : un mélange de mélodies et d’embardées franches qui font sens. Les paysages qui naissent de cette musique ont un goût immodéré pour la grandeur des espaces organiques où s’exprime la puissance de la terre. C’est par ce biais que l’on retrouve l’indianité vivante du titre de l’album. Les rythmes sont d’une rugosité tellurique qui éloigne du propos musical la plus insignifiante des fadeurs. À l’écoute, on se surprend à penser à Jim Pepper, c’est vous dire si l’authenticité du discours est prégnante. Un disque à écouter bien sûr.


https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Texier


  GUEORGUI KORNAZOV BRASS SPIRIT QUINTET . Re-miniscences, bulgarian suite

Autoproduction

Gueorgui Kornazov : trombone, compositions
Quentin Ghomari : trompette
Didier Ithursarry : accordéon
Lucas Dessaint : tuba
Eric Echampard : batterie

Dans ce disque attachant, Gueorgui Kornazov s’intéresse au pays qui l’a vu naître, la Bulgarie. Par les rythmes exposés tout au long de l’album, on entre dans un jazz aux saveurs ethniques remarquablement travaillées. Lyrique et chantante, festive ici et là, par moment presque mélancolique, la musique de Gueorgui Kornazov se déploie avec une belle amplitude. Il faut dire que le tromboniste est particulièrement bien accompagné par une partie de la crème du jazz hexagonal. Les compositions sonnent comme de la musique traditionnelle dans laquelle l’âme slave coule avec ses couleurs contrastées. Le remplacement de la contrebasse par le tuba ajoute une profondeur et une densité intéressantes à la sonorité d’ensemble du disque. Selon le leader, c’est « une œuvre musicale qui explore les multiples facettes de l’échelle musicale de Ré », d’où le titre. Une chose est sûre et certaine, le travail du tromboniste et de ses collègues est riche de détail et sa musique emplie d’une belle humanité.


https://www.kornazov.com/


  DARREN PICKERING SMALL WORLDS . Volume 2

Rattle Records
Darren Pickering : piano, modular, iPad
Mitch Dwyer : guitare
Pete Fleming : basse
Mitch Thomas : batterie

La musique du pianiste néo-zélandais Darren Pickering se situe à l’intersection entre l’esthétique cinématographique et les textures électroniques. C’est lui qui l’affirme et nous n’avons aucune raison de le contredire. Inspiré notamment par Ryuichi Sakamoto, il compose des thèmes aux mélodies souples et flottantes qui par certains aspects intriguent. C’est essentiellement dû au recours à l’électronique dont il use avec justesse et qui conséquemment laisse toute leur place aux instrumentistes avec lesquels il joue. Souvent atmosphérique, sa musique sait aussi retrouver, ici et là, les codes d’un jazz mainstream fort bien mené, et ce, sans délaisser pour autant l’usage discret de l’électronique. Son quartet étant régulier, les musiciens qui l’accompagnent et lui offrent à l’écoute un ensemble musical, inspiré et solide, assez inédit par chez nous. Ne privez donc pas votre curiosité naturelle d’un disque original du bout du monde et pour ainsi dire quasi exotique.


https://www.darrenpickeringmusic.com/