RogueArt
Myra Melford : piano
Mary Halvorson : guitar
Ingrid Laubrock : tenor and soprano saxophones
Tomeka Reid : cello
Lesley Mok : drums
Ce quintet dévolu à la musique improvisée à un furieux air de « All stars ». Voyez le line-up. Ceci dit, ce n’est pas une bataille d’égos pour autant. Entièrement féminin, il réunit cinq fortes têtes au service d’une musique extrêmement créative. Jouant en permanence entre le fluide et l’abrupt, la tension et le relâchement, ces musiciennes donnent à écouter des mélodies dissonantes, à moins que ce ne soit des dissonances mélodiques, qui tissent une trame musicale aux reflets multiples et toujours audacieux. De feu et d’eau, c’est le nom du quartet, correspond en tous points à ce que le titre de l’album suggère : la lumière chante et elle prend à la flamme ses subtilités, ses détours et ses éclats, sa liberté et sa chaleur. Les combinaisons instrumentales sont variables et elles permettent une exploration illimitée de la matière sonore travaillée, avec une approche virtuose de la nuance qui laisse éclater à tout instant l’inventivité des individualités musicales qui composent le groupe. Et si l’on considère l’exigence du quintet dans son ensemble et la musique intense qui en découle, il faut bien reconnaître que l’écoute génère des émotions pures, ce qui n’est pas acquis d’avance dans ces musiques improvisées souvent taxées d’intellectualisme froid (quelquefois à raison) quand on n’en dit pas que c’est juste « de la musique pour musiciens ». Vous pouvez vous jeter dessus, dedans, avec délice.
Odin Records
Espen Berg : piano
Hayden Powell : trompette
Harpreet Bansal : violon
Ellie Mäkelä : alto
Joakim Munkner : violoncelle
Per Oddvar Johansen : batterie
Avec le pianiste norvégien Espen Berg, on entre dans un univers plus proche du classique et du contemporain que du jazz au sens propre. Peu importe quand la musique est bonne, me direz-vous et je serai d’accord avec vous. Il est bon de savoir que les musiciens réunis dans cet album appartiennent autant au jazz qu’au classique, qu’à la musique folklorique ou encore indienne ; cela évite toute définition préalable et l’écoute n’en est que plus objective. Water fabric se réfèrent à l’eau sous toutes ses formes et la suite composée pour le projet le démontre. La musique peut s’avérer complexe dans la forme mais elle reste lisible car le lyrisme qui l’habite est bien réel et cette onde musicale n’est pas mauvaise à boire comme l’écrivait le poète. Elle est emplie de reflets, d’éclats serpentins, d’ondoiements au long cours. L’alliance des timbres est en elle-même assez magique pour immerger l’auditeur dans la musique avec aisance. Aucun ennui à l’écoute tant la finesse des compositions est patente ; on se laisse porter et même embarquer dans un voyage musical au long cours éloigné de toute platitude qui traverse des contrées paysagères typiques des univers musicaux septentrionaux que nous propose régulièrement les maisons de disques norvégiennes. Laissez-vous tenter.
Artwork Records
Sullivan fortner : piano et autres instruments
Deux disques en un, voici ce que propose le pianiste de la Nouvelle Orléans. Le premier est un solo, au sens classique du terme (un musicien et un instrument), et le second aussi, mais en utilisant différents instruments et les capacités technologiques de notre époque. L’homme est joueur, nous l’avons constaté sur scène il y a quelques mois, et c’est ce que l’on remarque sur le cd intitulé Game où il nous embarque dans des univers oniriques (avec ici et là un je ne sais quoi de methenyien) qui ne manquent pas d’attraits. Bien que nous n’ayons été pas entièrement convaincus, nous avons pris un certain plaisir à écouter ces formes libres qui dénotent chez l’artiste défricheur un goût marqué pour l’indépendance et la liberté. Dans le premier disque où il tourne autour de standards plus ou moins connus, avec des détours du côté de la soul et de la bossa, c’est sa science harmonique qui s’impose au premier plan et les idées propres à renouveler les rengaines du great songbook ne manquent pas. Mais là aussi, nous n’avons pas été entièrement convaincus (contrairement à nombre d’éminents critiques). C’est comme ça. Nous ne vous empêcherons pas de l’écouter et de l’aimer, bien au contraire. D’ailleurs, afin de vous convaincre, sachez que sur ce disque le directeur musical n’est autre que Fred Hersch et, cerise sur le pancake, Brad Mehldau pense qu’il est le pianiste du moment.
https://www.facebook.com/sullivanfortnermusic/?locale=fr_FR
Imani Records
Michelle Lordi, Alexia Bomtempo, Milton Suggs, TC III, Christine Devine, JD Walter : chant
Marvin Sewell : guitare
Shedrick Mitchell : orgue
Caleb Curtis : saxophone
Geoge Cables : piano
Jonathan Michel, Alex Claffy, Ben Wolfe, Mark Kelly, Matthew Parrish : contrebasse
Mark Whitfield II, Nasheet Waits, Anwar Marshall : batterie
David Gibson : arrangements
Le label Imani Records réalise chaque année depuis une décennie un disque de Noël et on ne le savait pas. Cela nous désole car le disque de Noël alternatif est notre pêché mignon. Le label réunit donc des musiciens enregistrant pour le label, un paquet, et leur demande d’interpréter des chants de Noël. Alors même si l’on ne connaît pas tous les musiciens présents sur l’album, on en a repéré quelques uns dont on se dit qu’ils vont faire du jazz de chez jazz et des chants de Noël plutôt éloignés du basique la la la la la ding dong tsoin tsoin… Et cela ne rate pas. Quel que soit le line-up du titre, l’auditeur a droit à une relecture qui ne sacrifie rien aux papillotes et à la dinde fourrée aux marrons. En fait, c’est vachement bien foutu et l’on sent qu’ils doivent bien se marrer dans le studio. Avec eux, les flocons se dandinent, les guirlandes swinguent et le sapin, quand il ne prend pas les chemins de traverse, bat la mesure avec un petit côté « roots » pas déplaisant. Ajoutez à cela le Have Yourself A Merry Little Christmas en solo de George Cables pour clore les débats et vous avez une idée cadeau pour ravir un bambin et, qui sait, emmerder ses parents.
