Une pianiste islandaise d’abord puis un saxophoniste norvégien ensuite pour deux concerts revigorants.
Jeudi 23 novembre 2023, Louvigny
L’Islande étant le pays invité pour cette 31ème édition du festival multiculturel Les Boréales, quoi de plus naturel que cette invitation faite à la pianiste Sunna Gunnlaugs, ce jeudi soir au nouveau Camion Jazz ou plus exactement à la salle des fêtes où il s’est depuis peu réfugié.
On se le rappelle peut-être, deux musiciens(Guillaume Marthouret, Fred Oddou) venus de Rennes ont eu , il y a une vingtaine d’années, l’idée d’un jazz itinérant à l’intérieur d’un camion aménagé. Arrivé à Caen, il s’est sédentarisé et a accueilli nombre de musiciens d’importance jusqu’à ces derniers temps où il est devenu obsolète. Et c’est tout naturellement que la ville de l’agglomération caennaise Louvigny l’a accueilli dans sa salle municipale comme elle l’avait reçu vingt ans auparavant en son parking.
Bref, la jauge n’étant pas la même, près de deux cents spectateurs ont pu découvrir et apprécier le trio qui était constitué aux côtés de Sunna Gunnlaugs, de deux accompagnateurs français chevronnés, le contrebassiste Gilles Naturel et le batteur Philippe Soirat.
Nouveau répertoire semble-t-il pour la circonstance qui a su mettre en évidence ses talents de leader et de compositrice. Compositions certes classiques mais libres dans leurs développements largement improvisés. Si l’horizon mélodique n’est jamais bien loin ; en bonne rythmicienne elle sait le faire reculer pour ouvrir toujours de nouvelles perspectives, un peu à la manière d’un Brad Meldhau. Ayant depuis deux décennies conquis son propre pays voire au-delà, elle est parvenue avec brio à emporter la conviction des nombreux amateurs de jazz présents.
Samedi 25 novembre 2023, Théâtre de Caen
Cap au nord toujours : le samedi de cette même semaine, c’était au tour des foyers du théâtre de Caen, remplis à raz bord pour la circonstance, d’accueillir les normands du sextette Vérona et leur compagnon de tournée, le saxophoniste norvégien Ola Asdahl Rokkones.
Culture jazz a déjà eu l’occasion, à diverses reprises, de dire tout le bien qu’il pensait de cette formation en disque ou en concert. Le dernier en date ne démentira ces louanges.
Il y avait eu auparavant le norvégien Tore Johansen comme fidèle compagnon de route à la trompette ;c’est le national Samuel Belhomme lui a succédé tandis que s’est ajouté à l’occasion d’une récente tournée, le saxophoniste - norvégien lui aussi - Ola Asdahl Rokkones.
A ce double espace Nord -Ouest, le jazz de Verona doit peut-être d’être intemporel pour une part, planant au dessus des modes et des genres. Il le doit également à la singularité des compositions de Samuel Belhomme qu’à l’invention harmonique de François Chesnel au piano, par ailleurs compositeur lui-même.
L’apport essentiel du saxophoniste Remy Garçon aux interventions empreintes de lyrisme trouve son prolongement dans la complicité avec le batteur Ariel Mamane et le contrebassiste Bernard Cochin.
Verona voyage bien et le musicien norvégien rapporté de la tournée dans leur valise le prouve, ne serait-ce que par le biais de ses deux compositions personnelles ; l’une enchantée associée au paysage hivernal de son pays, l’autre en conclusion plus énervée étant le fait d’un homme en colère.
Il est vrai que le superbe hommage rendu, en ouverture, au trompettiste Kenny Wheeler composé par Samuel Belhomme avait installé une certaine sérénité d’entrée de jeu, jamais vraiment démentie par la suite du concert.
Concert Louvigny
Sunna Gunnlaugs : piano
Philippe Soirat : batterie
Gilles Naturel : basse
Concert Théâtre de Caen
Verona Sextet
Samuel Belhomme : trompette bugle compositions
Ola Asdahl Rokkones : saxophones
Rémy Garçon : saxophones
François Chesnel : piano compositions
Bernard Cochin : contrebasse
Ariel Mamane : batterie
Photographie :
Alban van Wassenhove (Sunna Gunnlaughs)
Stéphane Barthod ( Verona)