FLO AND THE MURMURS . The waves

La Buissonne

Marie Florence Burki : chant, compositions
Sofia Di Falco : violon
Paula Hsu : alto
Bernadette Köbele : violoncelle
Snejana Prodanova : contrebasse

sortie le 19 janvier

Nous qui lûmes il y a bien longtemps Les vagues de Virginia Woolf (avant de lire d’autres de ses ouvrages), avons été intrigué par le propos de ce disque consacré au roman de la célébrissime autrice anglaise. Longuement travaillé en amont par la chanteuse et compositrice biennoise à partir de son ressenti en regard du texte, l’album est une sorte de rencontre musicale avec les mots, porté par un quatuor à cordes soutenant le chant de Marie Florence Burki. Quelque part entre la musique folk inspirée et le jazz de chambre, l’ensemble est avant tout sensible, au sens propre, et évocateur de l’univers flottant, en demi-teinte, de l’autrice qui révolutionna en son temps le roman de langue anglaise. Sur un canevas s’approchant du texte expérimental du livre, le quintet livre une déambulation musicale originale en clair obscur qui fait sens. A aucun moment le sentiment d’éloignement quant au livre ne s’est fait sentir. Bien sûr, c’est de ressenti qu’il s’agit et il est clair que la relecture musicale de marie Florence Burki est en soi un tour de force et une incontestable réussite. Ce Cd est à l’évidence une curiosité qui trouvera sa place sans effort sur votre étagère, à proximité des disques de Susanne Abbuehl, par exemple.


https://floandthemurmurs.com/


  ADAM BALDYCH & LESZEK MOZDZER . Passacaglia

Act Music

Adam Baldych : violon, violon renaissance
Leszek Mozdzer : piano

sortie le 26 janvier

Dans ce magnifique disque, nous sommes encore sur l’une des berges éloignées de la rivière jazz. Il n’en demeure pas moins que l’alchimie entre les deux musiciens vaut à elle seule le détour. Beaucoup de compositions dues aux deux artistes, une gymnopédie satienne revue et corrigée, idem pour Hildegarde Von binden et Josquin Des Prez, font la matière de cet enregistrement dont il émane un sentiment de pureté rare. Tout n’est que fluidité dans la musique interprétée par le pianiste et le violoniste (dont le violon renaissance possède une profondeur étonnante). Bien qu’ils fassent preuve d’une évidente et remarquable virtuosité, les arabesques s’entremêlent avec simplicité et les mélodies s’écoulent harmonieusement. Dans ces paysages aux reliefs ouvragés, à la Caspar David Friedrich, un romantisme discret dispute à l’introspectif à fleur de peau (de cordes) la préséance. Dans cette suite de pièces très complémentaires, ce qui ressort en premier lieu à l’écoute, c’est l’âme de cette musique qu’ils partagent avec une complicité, un feeling, impressionnant. Un disque difficile à classer dans un rayon jazz, mais un disque dont il ne faut surtout pas se priver.


https://www.adambaldych.com/
https://mozdzer.com/pl/


  ABDULLAH IBRAHIM . 3

Gearbox Records

Abdullah Ibrahim : piano
Cleave Guyton : flûte, piccolo, saxophone
Noah Jackson : contrebasse, violoncelle

sortie le 26 janvier

Dans ce nouvel album, Abdullah Ibrahim renoue avec le trio. Deux disques enregistrés en juillet 2023 le même jour, l’un sans public, l’autre avec ; savoir cela n’avance pas à grand-chose car ici, la musique est suffisamment puissante pour que le reste importe peu. Sur le premier Cd, le pianiste laisse beaucoup de place à ses collègues et c’est la musique du compositeur, reconnaissable entre toutes, que l’on écoute. L’âge venant (90 ans cette année), le pianiste offre à ses mélodies plus d’espace et de sérénité. On trouve dans ce double Cd, outre les compositions d’Abdullah Ibrahim, une composition d’Ellington, une de Coltrane et une autre de Monk. Sur la première galette, la flûte de Cleave Guyton est toute de sensibilité et de souplesse mélodique habitée. La contrebasse de Noah Jackson, elle, se tient à l’essentiel avec un côté très « roots ». Quand au pianiste, il intervient somme toute assez peu. C’est dans la partie enregistrée en public qu’on le retrouve (un peu plus) avec bonheur dans le voyage musical introspectif qu’il propose aux spectateurs, un espace inventif, doté d’une élégance propre à son jeu comme à sa manière de composer, qui ne s’affaiblit pas malgré le nombre des années. Notons toutefois qu’il est ici épaulé par deux musiciens de très haut rang sans lesquels le disque existerait à peine.


https://abdullahibrahim.co.za/


  ANTOINE DELAUNAY QUINTET . A french songbook

Athena music

Antoine Delaunay : piano, compositions
Mélanie Dahan : voix
Gilles Barikosky : saxophone ténor
Marc-Michel Le Bévillon : contrebasse
Luc Isenmann : batterie

« A French songbook » , par le passé nous aurions écrit « pot-pourri ». Toujours est-il que dans cet album du pianiste Antoine Delaunay, on trouve pour l’essentiel un ensemble de reprises de la chanson française passées à la postérité, certaines à juste titre, d’autre de manière plus discutable peut-être. Mélanie Dahan leur prête sa belle voix (et la science qui va avec, accompagnée au cordeau par des instrumentistes privilégiant la finesse et l’élégance au tonitruant et à l’esbrouffe, ce qui ne nous a pas dérangé, bien au contraire, même si quelques envolées lyriques justifiées adviennent ici et là au gré des titres. L’ensemble est parfaitement musical et bien travaillé. Seule concession au jazz à proprement parler, une version de Caravan arrangée par le contrebassiste, avec les paroles de Brigitte Fontaine, qui est pour le moins intéressante. Deux compositions originales sont également présentes et elles s’insèrent sans effort dans la liste des titres. Pas vraiment nostalgique, mais un peu mélancolique tout de même, le disque une vision assez large d’une époque révolue (pour le meilleur et pour le pire).


https://antoinedelaunay.com/