MARTA SANCHEZ . Perpetual void

intakt Records

Marta Sanchez : piano
Chris Tordini : contrebasse
Savannah Harris : batterie

Sortie le 19 avril 2024

Après quatre disques remarqués en quintet, Marta Sanchez aborde le trio. Dans ce nouveau disque, on retrouve ses qualités créatives habituelles, notamment sa capacité à créer des formes complexes et son goût marqué pour le contrepoint. Toujours mélodique sur le fond, elle a l’opportunité en trio de développer son jeu et d’interagir plus encore avec sa rythmique. Cela donne à écouter une musique habitée, riche en rebondissements, percussive souvent et d’une expressivité chaleureuse. Ce pourrait être, si l’on considère l’abondante intrication féconde qui la caractérise, abstrus ; mais la madrilène évite cet écueil en conservant une clarté rayonnante dans les lignes fiévreuses qu’elle trace en osmose avec un contrebassiste et une batteuse infaillibles qui la portent plus qu’ils ne l’accompagnent. Quand la cadence ralentit, avec les solos Prelude to a heartbreak et Prelude to Grief, puis à la suite The absence of the people you long for et The end of that period, l’émotion prédominante enrichit le discours et les paysages musicaux se font plus aérés, oniriques aussi et empreints d’une perceptible mélancolie. Vous l’avez compris, Marta Sanchez possède une voix qui n’appartient qu’à elle et l’on ne doute pas qu’elle occupera toujours plus les sommets d’un jazz vibrant en tout point éblouissant.


https://www.martasanchezmusic.com/


  MIKAEL MÁNI . Guitar poetry

Act Music

Mikael Máni : guitare

Ce jeune guitariste islandais (1995-) aime à dire qu’il affectionne tout particulièrement Bob Dylan et Joni Mitchell. Il qualifie en outre sa musique de mélange entre jazz, pop et impressionnisme. Au cœur de son travail de composition, on trouve un goût pour la mélodie qui ne se dément pas tout au long de l’album. Son jeu délié, épris de contraste et de sinuosité, est on ne peut plus jazz. Mikael Máni écrit donc des chansons extrêmement lisibles, quasiment des pop songs, et les traite avec une originalité patente. Il apprécie d’alterner les éclats quasi bruitistes et la douceur fluide, de tourner autour de son thème sans jamais le perdre de vue mais en incluant des cheminements dont on se demande où ils vont aboutir. C’est une partie de son art que de susciter par le jeu une écoute active. L’autre partie de son art qui touchera l’auditeur, c’est sa capacité à narrer des histoires très expressives, faites de paysages musicaux où le sensible est toujours prédominant. On en oublie presque qu’il dispose d’une technique et d’une maîtrise impressionnantes. Pour votre information, deux des morceaux sont enregistrés en multipiste, le reste est constitué de soli purs et durs. A découvrir sans faute, bien évidemment.


https://www.mikaelmanimusic.com/


  MONTY ALEXANDER . D Day

Peewee !

Monty Alexander : piano
Luke Sellick : contrebasse
Jason Brown : batterie

Nommer un album D Day quand on est né un 06 juin 1944, c’est plutôt sympathique. Mais là n’est pas l’essentiel. A bientôt 80 ans, Monty Alexander a conservé la patte inimitable qui est la sienne depuis six décennies. Avec un peu moins de vélocité que par le passé et une volonté claire de laisser respirer la musique, il n’en demeure pas moins un maître de la digression harmonique. Dans cet album inspiré par la seconde guerre mondiale, le jamaïcain propose quelques compositions originales et des morceaux écrits durant la période du conflit, notamment le Smile De Chaplin et le tube de Sinatra I’ll never smile again. Accompagné par une rythmique solide qui le suit avec aisance bien qu’ayant quelques décades de moins que lui, il enclenche cette machine à swing teintée de rythme caribéen capable de faire danser un cimetière entier ou les plus neurasthénique des vivants.
Les grincheux diront que c’est encore et toujours du Monty Alexander, les autres diront que c’est encore et toujours du Monty Alexander ! Nous, on aime bien retrouver de temps à autre cette vision musicale optimiste ; et par les temps qui courent, un peu de feeling joyeux, ce n’est pas plus mal.


https://www.montyalexander.com/


  GIUSEPPE CUCCHIARA QUARTET . Music for your soul

Fresh Sound New Talent

Giuseppe Cucchiara : contrebasse
Ben Salomon : saxophone ténor
Chris McCarthy : piano
Adam Arruda : batterie

Résident New-yorkais depuis quelques années, le jeune contrebassiste italien s’est fait un nom auprès de Kenny Barron et quelques autres. Son mentor n’est autre que Ron Carter avec lequel il a une étroite relation. Dans cet album, le quartet enregistré en public n’y va pas de main morte. Le pied au plancher la plupart du temps, seuls deux morceaux dont un dédié à George Floyd ralentissent vraiment le rythme, le quartet produit un post hard bop ravageur. Aller aussi vite et aller aussi bien nécessite que chacun connaisse ses partenaires sur le bout des doigts. Visiblement et malgré une débauche d’énergie quasi épuisante pour l’auditeur, c’est le cas. Cela demeure en toute occasion extrêmement musical et ce n’est pas le moindre des mérites de cette formation ou chacun met son talent au pot commun pour générer une musique aboutie. Un interlude du batteur repose un peu les oreilles à mi-chemin et le contrebassiste et leader termine le disque sur un solo inspiré. C’est un disque de furieux qui ne changera pas la face du jazz mais qui procure un plaisir intense et jouissif. Le public présent dans le club a dû se régaler !


https://www.giuseppecucchiara.com/