KATHRINE WINDFELD SEXTET . Aldebaran

Stunt Records

Kathrine Windfeld : piano
Tomasz Dabrowski : trompette
Hannes Bennich : saxophones alto et soprano
Marek Konarski : saxophone ténor
Johannes Vaht : contrebasse
Henrik Holst Hansen : batterie

On apprécie grandement, depuis ses débuts, le travail de la pianiste danoise avec son big band. La retrouver pour la première fois en sextet eut été une curiosité si cette formation ne tournait pas régulièrement depuis quelques années. Alors même si c’est le premier enregistrement du groupe, il a déjà acquis une solide expérience et ce d’autant plus que la rythmique est celle du big band depuis dix ans. Sur cette base homogène, Kathrine Windfeld peut laisser libre cours à son écriture et mettre en valeur les solistes. Toujours aussi moderne dans sa vision musicale, elle met en œuvre une complexité qui nécessite une écoute attentive, mais comme elle ne sacrifie jamais la mélodie, on la suit avec un plaisir renouvelé car elle nous réserve toujours d’un morceau l’autre quelques surprises qui font de sa musique une construction implexe que l’on compare, non son raison, au travail des plus grandes, Mary Lou Williams, Carla Bley et Maria Schneider en tête. Les solistes ayant plus d’espace pour s’exprimer que dans le big band, ils étoffent les compositions avec d’autres couleurs et des lignes personnelles qui se fondent dans le collectif avec brio. Dans ce disque, Kathrine Windfeld démontre une fois de plus qu’elle est une des créatrices les plus intéressantes et les plus originales dans le jazz d’aujourd’hui.


https://windfeldmusic.dk/


  MAL WALDRON STEVE LACY . The mighty warriors

Elemental Music

Mal Waldron : piano
Steve Lacy : saxophone soprano
Reggie Workman : contrebasse
Andrew Cyrille : batterie

Enregistrée en public le 30 septembre 1995 à Anvers, la musique contenue dans ce disque était jusqu’alors inédite. Et bien que l’on soit souvent prudent avec les inédits qui sont trop souvent des fonds de tiroir très utiles pour faire bouillir la marmite, les seuls noms des protagonistes nous ont convaincus d’écouter ce disque. Bien nous en a pris. En premier lieu, la prise de son est de qualité et, ensuite, la musique est au niveau de ces musiciens aujourd’hui iconiques non sans raison. Entre la légèreté sonore de Steve Lacy et la profondeur mélancolique de Mal Waldron, l’alchimie est ancienne (ils ont joué ensemble dès 1958). Leur goût commun pour Monk comme pour l’avant-garde les a toujours entraînés sur des territoires musicaux qu’ils ont créés de toute pièce. Libres (free) et amoureux de la mélodie, ils ont toujours su marier ces deux thématiques que tout ou presque opposait à l’époque, inventant une convergence des contraires qui fut leur marque et le demeure aujourd’hui. Étant en sus accompagnés par une rythmique de rêve avec lesquels ils ont souvent joué, Waldron et Lacy sont là à un niveau d’excellence absolument remarquable. Une belle surprise à ne pas manquer.


https://fr.wikipedia.org/wiki/Mal_Waldron
https://fr.wikipedia.org/wiki/Steve_Lacy_(saxophoniste)


  CHRISTOPHE MARGUET QUARTET . Echoes of time

Mélodie en sous-sol

Régis huby : violon ténor électro-acoustique, électronique
Manu Codjia : guitare
Hélène Labarrière : contrebasse
Christophe Marguet : batterie

Echoes of time, tout un programme en soi ! L’un des batteurs les plus fins qu’il soit donné d’entendre, associé avec des complices de longue date, ouvre sa musique à l’électronique et propose un voyage passionnant ; portée vers des couleurs nouvelles, cette dernière prend plaisir à brasser les sonorités et les rythmes. Que le groupe se livre pleinement à des ambiances planantes ou agitées, il le fait avec une conviction chaleureuse ; pas un moment où n’éclate pas aux oreilles l’osmose qui lie les membres du quartet. Les signatures Codja et Huby, de celles que l’on repère rapidement en toute circonstance, se mêlent avec bonheur, poussées par une rythmique luxueuse qui n’est pas qu’une rythmique. Ajoutez à cela, que l’esprit aventureux des compositions de Christophe Marguet nous a fait quelquefois penser au travail du Groupe Oregon (ce qui est selon nous un compliment), il y a longtemps, et vous avez une idée de ce qui vous attend à l’écoute de ce disque généreux, gorgé d’une sève créatrice qui se démarque clairement de biens des productions actuelles qui, avouons-le, nous lassent souvent. Que ce disque soit débridé ici ou en apesanteur là ne change rien à l’affaire : il est beau et furieusement vivant.


https://christophemarguet.com/


  ALEXIS VALET . Following the sun

Jazz&people

Alexis Valet : vibraphone
Dayna Stephens : saxophone ténor
Aaron Parks : piano
joe Martin : contrebasse
Kush Abadey : batterie

Alexis Valet est allé passer du temps à New-York, histoire de voir et écouter sur place l’activité jazzistique en cours dans ce que chacun pense être le creuset du jazz actuel. Une fois bien nourri de ce qu’il a entendu, il est entré en studio et à constituer un quintet de haut vol avec des tueurs locaux, voyez le line-up ci-dessus. Il en découle un disque de jazz d’aujourd’hui parfaitement équilibré où chaque individualité donne le meilleur d’elle-même au service d’un collectif très soudé qui « envoie du lourd » comme on dit. Comme en outre Alexis Valet compose des morceaux aux mélodies claires, l’auditeur ne se perd pas dans des circonvolutions trop abstraites où la technique remplace trop souvent l’émotion. C’est moderne, juste ce qu’il faut et cela donne un disque agréable à écouter. A découvrir donc pour ceux qui serait passé à côté de ce jeune vibraphoniste prometteur.


https://www.alexisvalet.eu/