Croisement des saisons pour le jazz.

À présent que nous sommes entrés de plain pied dans la rentrée scolaire, il apparaît approprié de vous parler d’une expérience incroyable et inédite dont nous bénéficions sur la région lyonnaise.

Savez-vous qu’il existe sur les hauteurs de Lyon, au cœur de la Croix-Rousse, un collège qui pratique une formule où le jazz à sa place dans le modèle d’éducation scolaire ? Vous allez penser qu’il s’agit là d’une galéjade sans fondement. Eh bien, en plus on va vous donner tous les liens pour que vous jugiez par vous-même de la nouvelle saison qui va débuter très prochainement et le tout nouveau site du projet qu’Yves Dorison coordonne en concoctant le menu.

Il ne s’agira pas d’une chronique furtive, comme les médias savent nous en fournir dans l’urgence avec cette information effervescente pareille à un comprimé à ingurgiter de suite toujours dans l’excès et le racolage boulimique.

LSJazzProject au collège (Lyon)
© Marceau Brayard
© Marceau Brayard

En juin dernier pour bien finir l’année scolaire sans fausses notes, il y avait un rendez-vous plutôt ravigotant à ne pas manquer pour clôturer en guise de bilan l’année écoulée de cette saison LSJazzProject. Ceux qui avaient la malchance de partir en vacances trop hâtivement auront raté cette dernière séance enthousiasmante.
Vous allez voir que la méthode relève d’une consistance qui vient vous faire traverser le déroulement des opérations musicales. Le programme se laisse filmer à chaque concert par les élèves dont le rôle de responsabilité est de participer à l’organisation générale. Ils préparent également un questionnaire qu’ils soumettent aux musiciens l’après-midi en filmant leurs réponses. Et lors d’un soir du sixième mois de l’année, l’entrée y est libre, nous visionnons avec bonheur le travail accompli à la lueur des bougies. C’est un judicieux résultat puisque tous sont là à regarder la projection en présence des parents. Ils se sont passionnés dans ce travail de groupe en suivant l’évolution mois par mois.

Le contenu est tout aussi enthousiasmant pour celui venu de l’extérieur qui découvre des artistes pris dans une dimension inattendue face à la jeunesse curieuse. Nous observons avec étonnement que ceux dont le rôle est de promouvoir le jazz depuis des plate-formes subventionnées, sont absents de cet instant riche en émotion. Alors qu’il s’agit là d’un vivier essentiel d’où émergera sans nul doute le public de demain, que les scènes prévues à cet effet produiront pour ce type de musique.
Sur la page Facebook du projet vous pourrez revoir les vidéos retraçant la trame de cette aventure.

Bruno Tocanne - Lyon, avril 2014
© Marceau Brayard
© Marceau Brayard
Daniel Erdmann - Lyon, avril 2014
© Marceau Brayard
© Marceau Brayard
Didier Levallet - Lyon, avril 2014
© Marceau Brayard
© Marceau Brayard

Parmi les dernières traces de cette saison passée en ces lieux, nous nous souvenons de celles d’avril, regroupant à l’intérieur d’un trio Daniel Erdmann - Didier Levallet et Bruno Tocanne. L’alibi de la soirée tournait autour des chants d’espoir ou des luttes pour retrouver la dignité et le bien être sur cette terre.
À trois, ils utilisèrent ces pièces maîtresses à se faire déconstruire dans le contenu instrumental qui essaimait toutes les subtilités des écorchures de l’histoire de l’humanité avec ses chants évocateurs. D’ailleurs un morceau amené par le saxophoniste Daniel Erdmann s’intitulait "Chanson de la solidarité" composé par Hanns Eisler. Il nous avait familiarisé, au sein du groupe Das Kapital, à jouer ce compositeur qui provoque quelquefois des remous dans l’Allemagne réunifiée, suivant le public présent dans la salle.
Les chansons jouaient un rôle séminal pour convaincre le trio d’accomplir des phases dont la valeur ajoutée consistait à pousser les instruments serrés entre leurs mains. Il y avait des traits d’équivalence entre le Jazz et le chant de révolte où se trame un optimisme pour chaque peuple, jamais résigné devant la tragédie. Le résultat consistera à aller sans relâche parcourir cette ligne de fuite, propre à esquisser une paternité solide avec un jazz formellement retentissant.

Du "Chant des partisans", à "Grândola Vila Morena" l’hymne de la Révolution des Œillets du 25 avril au Portugal, joué à la même date au collège, cela relevait purement et simplement de l’inconscient collectif. Ils entrèrent en communion dans l’univers fascinant de la fabrication du remaniement musical, bouleversant la partition, en se jouant de l’imprévisible, pour faire prendre une nouvelle épaisseur, un nouveau souffle aux chants porteurs de lendemains qui chantent. Dans cette perspective la mobilisation du trio nous procurera du contraste plutôt qu’une osmose factice. Ils eurent la préoccupation jazz en eux et cela les amenèrent à tailler les reliefs historiques à la manière d’une pierre précieuse. De cette rencontre découlait une immédiate coalescence unifiée entre la batterie de Bruno Tocanne guidée de mille précautions, la contrebasse travaillée au corps par Didier Levallet et le saxophone ténor de Daniel Erdmann chassant l’ennui et la banalité.

Autant de perspectives qui devraient vous mettre l’eau à la bouche et vous donner l’envie d’aller vous abreuver abondamment lors des 5 prochaines soirées à venir.
Le site du LSJazzProject a fait peau neuve histoire de se renouveler à la manière du jazz qui ne demande que ça. Il était important de vous le faire savoir afin que vous ne ratiez rien de ce qui vous attend d’octobre 2014 à juin 2015.

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