Du côté de chez Paul Lay.

Le pianiste Paul Lay voyage bien. Certes de retour d’une tournée au Japon et en partance pour la Chine mais aussi parce que les occasions ont été relativement nombreuses de le découvrir en Normandie ces derniers mois. Lors du festival Jazzitudes en Pays d’Auge à Lisieux (chronique du 29 août 2016)il accompagnait le trompettiste Éric Le Lann, quelques semaines plus tard ,on le découvrait à Caen à la Fermeture Éclair (Festival Pan !) accompagnant le jeune saxophoniste Shauli Einav (article 11 octobre 2016).

C’était au tour de Caen ce samedi 29 avril dans un théâtre où lors d’une Nuit du Jazz il avait, encore tout jeunot , déjà assuré la troisième partie de la soirée. Coutances lui tend les bras pour son prochain Jazz sous les Pommiers à l’occasion d’un concert qui affiche déjà complet. Il ne voyage d’ailleurs pas seul puisqu’il vient d’enregistrer un double album avec deux formations différentes… Longue comme un inventaire à la Prévert, cette énumération atteste une notoriété grandissante que l’attribution du Prix Django Reinhardt qui récompense le meilleur musicien de l’année ne fait qu’accroître
Nous avions déjà eu l’occasion d’apprécier les différentes facettes de son talent dans des contextes variés. Sa prestation comme leader confirme cette bonne impression. Un double-album [1] enregistré en trois jours avec deux trios différents n’en font pas pour autant un pianiste pressé. En témoigne le premier titre The Party qui est aussi celui du second volume dont on se dit, en songeant à d’autres pianistes récemment vus, que - toute mesure gardée - on est plus du côté de chez Monk que de chez Art Tatum. Un hommage, vers la seconde moité du concert, viendra en apporter la preuve : fidèle à l’esprit mais aussi à la lettre tout en composant une version originale.
Pour le reste, ce trio très à l’unisson (pas de véritable chorus mais une écriture commune) composé du batteur tout en subtilité Dré Pallemaerts et du contrebassiste Clemens van der Feen tout aussi à l’écoute, prodigue une musique généreuse, tantôt extravertie, tantôt intimiste dont chaque composition comporte sa propre dramaturgie autour de The Party. À la manière, pourrions-nous dire, des célèbres Nocturnes de Debussy (Nuages, Fêtes, Sirènes). Ainsi Conviction (titre antérieur à l’album) se joue, comme il se doit, en force tandis que The Letter épouse la fluidité et les méandres de l’écriture… Le spectateur restant libre de se promener en imagination dans ce parcours musical contrasté.
À l’évidence, cette invite du musicien a séduit le public qui lui a réservé un accueil plus que chaleureux.
Jazz sous les pommiers a l’occasion très prochainement de confirmer -ou non- ce sentiment du moment.

Foyers du Théâtre de Caen (Jazz dans les Foyers), samedi 29 avril, 17h.
Paul Lay : piano / Clemens van der Feen : contrebasse / Dré Pallemaerts : batterie


[1Album en deux volets : The Party avec le trio présenté à Caen et Alcazar Memories avec la voix d’Isabel Sörling et la contrebasse de Simon Tailleu. Un disque que nous ne vous avons pas présenté faute de l’avoir reçu ! NDLR