JOEL HARRISON : Angel Band - Free Country Vol. 3

HighNote Records

Joel Harrison : guitare, dobro, 6 string banjo, National steel guitar, voix
David Binney : saxophone alto
Jon Cowherd : piano, Hammond B-3 organ, wurlitzer
Uri Caine : piano, fender rhodes
Chris Tordini, Stephan Crump : contrebasse
Brian Blade, Allison Miller : batterie

avec aussi

Darol Anger, Christian Howes : violon
Hank Roberts : violoncelle
Nels Cline : guitare
Alecia Chakour, Everett Bradley, Theo Bleckmann, Nicki Logan, Brian Blade : voix
Nathan Koci : accordéon
John Hadfield : Percussion
David Mansfield : pedal steel guitar

Joel Harrison défie obstinément toute catégorisation. Il n’a qu’une chapelle, la sienne. Il y fait rentrer pour cet enregistrement une pléiade de musiciens XXL (voir ci-dessus) qui s’attaque avec lui à un genre, la country, qui s’insinue un peu partout dans le jazz ces temps-ci (voir du côté de Charles Lloyd qui fricote avec Lucinda Williams par exemple ou aussi chez Bill Frisell). Bien que certains morceaux soient aisés d’accès, n’espérer pas cependant écouter les mélodies de l’Amérique profonde avec eux d’une oreille distraite. Cela déconstruit un peu par ici, cela complexifie par là, cela mélange à l’envi et improvise à la marge. Ce n’est toutefois pas un miracle si l’ensemble est homogène et cohérent. C’est juste qu’ils sont bons et qu’ils sonnent mieux que vous ne l’imaginez. Et pour tout dire, cette vision de l’Americana (loin de la bannière qui flotte au vent mauvais du repli identitaire, tendance plus blanc que blanc) est assez jouissive tant l’inventivité de Harrison et de ses complices est grande. Elle parle avant tout d’une musique faite par l’humain pour l’humain. Elle oppose du rêve à la connerie en se plaçant sur un terrain exploratoire qui l’éloigne singulièrement de l’actuel et du superficiel sans pour autant perdre de vue le propos initial de l’enregistrement. Bref, Joel Harrison continue de faire ce qu’il veut et c’est pour ça qu’on l’apprécie grandement.

Yves Dorison


https://joelharrison.com/


  PHILLIP JOHNSTON & THE COOLERATORS . Diggin’ bones

Asynchronous 003

Philllip Johnston : saxophones soprano/alto
Alister Spence : orgue
Lloyd Swanton : contrebasse
Nick Cecire : batterie

Le saxophoniste et compositeur new-yorkais Philip Johnston passe autant de temps en Australie qu’aux USA. Il s’exprime là-bas avec des musiciens consommés prêts à la suivre dans ses explorations musicales. Connu entre autre pour sa participation à Fast ‘n’ Bulbous, Philip Johnston ne cesse d’exprimer une vision du jazz qui n’appartient qu’à lui. D’ailleurs, lui et ses musiciens australiens présentent dans ce disque un style détendu, voire carrément cool, mais jamais ennuyeux. C’est même éloquent à bien des moments tant les phrasés se plaisent à éclater en improvisations, souvent complexes, initiant un jazz d’où le swing n’est pas absent. Avec une once de funk, histoire d’asseoir plus encore le groove, les quatre acolytes servent une musique pleine d’esprit jouée avec un plaisir communicatif. Ils s’abreuvent, comme bon leur semblent, à tous les styles de musique et cela donne un bazar sympathique, avec un soupçon d’orientalisme, où les pièces sont décalées bien comme il faut pour former des mélodies aux couleurs variées qui chantent à l’oreille. La légèreté apparente de l’ensemble peut être vue, dans ce contexte, comme une forme de politesse masquant partiellement le travail de fond mené avec une autorité musicale bien réelle. Cool et réjouissant.

Yves Dorison


https://phillipjohnston.com/


  Rafaël FAŸS - PARIS SÉVILLE / Bois de guitare - Madera de guitarra

Frémeaux et associés

Rafaël Faÿs : guitare solo, guitares
Julien Cattiaux : guitare rythmique
Claude Mouton : contrebasse et programmation des cordes
Laurent Zeler  : violon :
José Palomo : percussions et palmas
Nino Garcia : texte et chant

Paris-Séville. Ça tombe bien, il fait à Paris le temps qu’il devrait faire à Séville - ce 16 octobre-, 25° pour la première et 22° pour la seconde.
Le disque débute par trois excellentes pièces de jazz dans le style manouche, la rythmique implacable restant néanmoins souple. Suit une pièce de transition, une rumba encore jazzée, et “Preludio Granina” (ce titre me semble un peu bancal grammaticalement : preludio a una granaína ?), jolie mélodie que je crois connaître sans pouvoir l’identifier. Puis vient du flamenco traditionnel avec quelques épices de percussion, contrebasse et violon, un chanteur (il aurait été utile de relever les paroles de son chant, plutôt que de donner ce long texte hagiographique, qui ne dit rien sur le disque ; les quelques lignes de la couverture sont plus explicites]. Une pièce mélancolique en forme d’adieu clôt le disque.
Un disque bien sûr pour les amateurs de R. Faÿs, de guitare et de musique sans trop de frontière. Le chroniqueur de "jazz" est embarrassé, qui a chroniqué sur ce site un concert d’Agujetas, chanteur du flamenco le plus sévère -l’excuse était le festival “Sons d’hiver” qui l’avait programmé au milieu de jazzeurs divers (voir ici])
Ici pas de mélanges de genre -contrairement au disque de jazz-rebetiko chroniqué récemment-, mais la juxtaposition de deux styles pratiqués par le même musicien. Si vous aimez l’un et que vous faites confiance à l’artiste, vous aimerez l’autre ou le découvrirez avec plaisir, je l’espère pour vous.

Philippe Paschel


https://fr-fr.facebook.com/raphael.fays


  SAMY THIEBAULT : Caribbean Stories

Gaya Music Production

Samy Thiébault : saxophone ténor, flûte alto, compositions et arrangements,
Hugo Lippi : guitares,
Ralph Lavital : guitares,
Fidel Fourneyron : trombonne,
Felipe Cabrera : contrebasse,
Inor Sotolongo : percussions,
Arnaud Dolmen : batterie.

Samy Thiebault

Paru le 21 septembre, voilà le nouveau disque du saxophoniste Samy Thiebault, annoncé et relayé sur les réseaux sociaux et autres medias bien avant sa sortie. Même Christiane Taubira s’est fendue d’un commentaire élogieux et poétique, c’est dire. De même que Bertrand Dicale sur les ondes radio, spécialisé dans la musique dite populaire. A l’origine de ce projet, une passion pour la musique des Caraibes en commençant par le Vénézuela où Samy Thiebault s’est rendu il y a cinq ans pour filmer, écouter et enregistrer. D’ailleurs, vingt et une petites « stories » de vingt et une secondes sont disponibles sur Youtube pour sentir cette influence. (https://www.youtube.com/watch?v=5GekS3PjkFA). Il est vrai que voilà une musique qui puise dans les racines de l’arc et de l’art caribbéen, source inépuisable d’inspiration qui a contribué à forger les fondations du blues et du jazz. Calypso, merengue, salsa, chachacha défilent avec talent dans nos oreilles sous les doigts et le souffle de musiciens venus des quatre coins du monde : car avec Samy Thiébault né lui-même en Côte d’Ivoire d’un père français et d’une mère marocaine, on trouve le percussionniste Inor Sotolongo et le bassiste Felipe Cabrera tous deux cubains, le batteur guadeloupéen Arnaud Dolmen, les guitaristes d’origine anglaise Hugo Lippi et français Ralph Lavital (aux racines antillaises) et le tromboniste français Fidel Fourneyron. Un septet de haute volée donc, créé il y a environ deux ans. Le premier titre Santeria, relevé dans une église venézuelienne, est l’illustration de tout ce syncrétisme. Le Pajarillo Verde ( Petit Oiseau Vert…) s’inspire d’une chanson populaire de la même provenance magnifiée par Cecilia Todd. Chaque titre cache ainsi une histoire, parfois chantée par tous, comme dans Calypsotopia ou Puerto Rican Folk Song. Un grand plaisir d’écoute avec ces mélodies à fredonner tout en dansant sur l’envoûtant saxophone de Samy Thiebault. Un conseil en concert : enlevez les chaises !

Florence Ducommun


https://fr-fr.facebook.com/samythiebault/


  STÉPHANE KERECKI QUARTET . French Touch

Unik Access - Outhere

Émile Parisien : saxophone soprano
Jozef Dumoulin : piano, Fender Rhodes
Fabrice Moreau : batterie
Stéphane Kerecki : contrebasse

Le contrebassiste Stéphane Kerecki avait constitué son quartet en 2014 pour se plonger dans les bandes originales des films de la Nouvelle Vague. Le pianiste était alors le regretté John Taylor qui tira sa révérence dans l’interprétation de ce répertoire lors d’un concert. Triste souvenir. L’aventure devait continuer et c’est en Belgique que le contrebassiste a recruté Jozef Dumoulin, pianiste fort demandé. Après ce répertoire cinématographique français des années 60 et ses mélodies subtiles et accrocheuses, Stéphane Kerecki relève un nouveau défi en s’attaquant à un autre pan de la culture musicale française contemporaine, les musiques électroniques de la "French Touch" (Daft Punk, Air, Phoenix, M83...). Une entreprise audacieuse qu’il réussit avec toute la conviction et l’inventivité qui le caractérisent. Ces musiques pour lesquelles on pourrait craindre une certaine pauvreté harmonique et mélodique se révèlent tout à fait adaptées aux explorations curieuses et audacieuses de ces musiciens "de jazz" ! En choisissant d’enregistrer "en live" sans artifices de studio ou de montage, en acoustique également (si on excepte le Fender Rhodes équipé de quelques effets), Stéphane Kerecki met en évidence tout le potentiel de son magnifique quartet. Il à ses côtés l’irréprochable Fabrice Moreau à la batterie. La richesse du jeu de piano de Jozef Dumoulin soutient le phrasé quasi reptilien du saxophone soprano d’Émile Parisien, décidément à l’aise dans tous les contextes. Que vous soyez ou non amateur de ces musiques électroniques à la française, ce disque saura mettre tout le monde d’accord en démontrant que le jazz est toujours bien vivant puisqu’il continue à faire son miel des musiques populaires pour se régénérer. Une très belle réalisation du jeune label INCISES sur lequel on a déjà remarqué le disque Modern Art du trio Daniel Humair, Vincent Lê Quang et... Stéphane Kerecki ! (octobre 2017 - lire ici...)

Thierry Giard


www.stephanekerecki.com - unik-access.com


  JOHN SCOFIELD . Combo 66

Verve / Universal

John Scofield : guitare
Bill Stewart  : batterie
Gerald Clayton : piano, orgue
Vicente Archer  : contrebasse

Le temps passe et John Scofield demeure. Une bonne trentaine de Cd plus tard, le guitariste continue de suivre son chemin. Ecléctique, toujours mélodique, virtuose mais pas trop, avec ce son forgé au cours des années qui n’appartient qu’à lui, il signe là un album jazz ‘à sa façon) qui n’exclue pas le mélange des genres. Gerald Clayton et Vincente Archer sont les petits nouveaux du groupe, Bill Stewart est le fidèle compagnon et les quatre réunis pour ce Combo 66 (l’âge de Sco) excellent à varier le propos musical du guitariste. Bien sûr, l’interaction fonctionne à plein. Le plus calme de tous, c’est peut-être bien Scofield qui, avec la sagesse des anciens, laisse à sa rythmique une place de choix. Au final, la sélection de mélodies contenues dans ce disque ainsi que leur variété stylistique peut être considérée comme une sorte d’introduction au langage de base du guitariste. Une sorte de best of dans lequel, serein, Il s’épanouit dans chaque note et en soupesant chaque phrase. De la belle ouvrage par des musiciens accomplis et complices. Easy.

Yves Dorison


http://www.johnscofield.com/


RICCARDO DEL FRA. Mouving People

Cristal Records / Sony Music

Kurt Rosenwinkel : guitare
Tomasz Dabrowski : trumpette
Jan Prax : alto sax
Rémi Fox : baritone sax
Carl-Henri Morisset : piano
Riccardo Del Fra : contrebasse
Jason Brown : batterie

L’humanité est marcheuse pour le meilleur, pour le pire ou parce qu’elle ne peut pas faire autrement. On peut construire des murs en fer ou en briques, des fossés, des remparts de toutes sortes, refuser l’autre et l’altérité, rien ni fait on a la bougeotte, on va même sur la lune et on scrute l’univers attiré vers un ailleurs.

Riccardo Del Fra lui ne s’est jamais arrêté de marcher au moins dans sa tête encore moins dans la musique. Il nous offre avec Moving People un album d’un seul tenant à plusieurs mouvements où la science compositionnelle est alors essentielle, c’est elle qui amène les interprètes par l’écrit, la structure, la forme et l’équilibre à une sorte d’élan favorisant l’improvisation. Le lyrisme ici exprimé au delà du talent et de la sueur en est tributaire. On sait que le jazz est aussi une façon d’être qui s’est nourrie et se nourrit encore aujourd’hui de rencontres et d’échanges, c’est sa raison de vivre, qui se joue des frontières et le cœur battant de son existence.
Les intitulés des plages/mouvements de ce disque parlent pour eux même et l’on se dit que ces/cette composition(s) ne peuvent avoir été écrit que par un européaniste, on parle ici d’esprit, d’harmonies mais aussi d’ouverture.
L’internationalisme du casting de l’orchestre en est pour nous une preuve supplémentaire. Les solistes sont tous excellents, au delà du berlinois d’adoption Kurt Rosenwinkel magnifique tout au long du disque, Riccardo Del Fra dans ses soli fait preuve d’un lyrisme peu commun et pour quelques uns des protagonistes de l’affaire, des découvertes comme l’expressif trompettiste polonais Tomasz Dabrowski.
L’écriture est ici certes exigeante, chatoyante, le seul petit reproche que l’on pourrait faire à cet ensemble est qu’il ne nous reste que peu de mélodies thématiques dans la tête, cela est peut être assumé par le compositeur lui même et viendra avec le temps et la réécoute. Nous verrons l’impact que tout ceci a en concert car la tentation est grande d’entendre cet ensemble vivifiant là devant nous. Ecouter, voir est la meilleure façon d’appréhender l’évolution d’une musique nomade qui a pour raison et esprit de dire non à l’inhumanité. L’espoir demeure.

Pierre Gros


http://riccardodelfra.net/fr/


  WAYNE SHORTER . Emanon

Blue Note

Wayne Shorter : saxophone
Danilo Perez : piano
John Patitucci  : contrebasse
Brian blade : batterie

Orpheus Chambre Orchestra

Pour son premier disque studio depuis 2013, Wayne Shorter livre un triple CD dont deux sont constitués d’enregistrements de concert. Pour le même prix, vous avez droit à une BD nommée ici « roman graphique » qu’il a co-écrit avec Monica Sly et illustré par Randy DuBurke, façon comics américains. Là, nous avançons en terrain inconnu. Mais il parait que Shorter adore cela, et les comics, et les territoires vierges. La musique enregistrée est une suite en quatre parties. Le saxophoniste y privilégie les mouvements multimélodiques, plutôt cinématographiques, dans lequel il glisse son soprano avec la dextérité qui est la sienne. L’ensemble possède cette couleur shorterienne particulière. Nous, nous avons préféré les deux disques en public.

Yves Dorison


https://twitter.com/wayne_shorter


  La&Ca : Se Souvenir des Belles Choses

Inouïe Distribution

Audrey Podrini : Violoncelle
Camille Thouvenot : Piano
Vincent Périer : Clarinette
Zaza Desiderio : batterie

Un gros coup de cœur pour cet album poétique dont le titre l’est autant que le film de Zabou Breitman sorti en janvier 2002 portant le même nom. On y retrouve deux musiciens du trio Dreisam, le pianiste Camille Thouvenot et le batteur brésilien Zaza Desiderio, auxquels se sont ajoutés la violoncelliste Audrey Podrini à l’occasion d’une rencontre dûe au hasard à Rio de Janeiro fin 2012. La&Ca (“La bas et ici” en portugais) nait alors, rejoint par le clarinettiste Vincent Périer en 2015 complètant une palette déjà originale. Enregistré au studio La Buissonne de Gérard de Haro, c’est un disque en lévitation dont chaque titre raconte une petite histoire avec une photo. Compositions originales des musiciens, principalement du pianiste et de la violoncelliste sur des textes des musiciens ou pour l’un d’Antoine de Saint Exupéry Le Drame des Baobabs et Pierre Lemaitre Au Revoir là-haut.

Onze thèmes tous différents, oscillant entre calme et tempête, dans un univers à la fois ancré dans la musique classique par la couleur des instruments, la richesse des tonalités et la formation des musiciens, et dans la musique contemporaine par une rythmique subtile et chantante soulignée par la palette de Zaza Desiderio. Le violoncelle amène à la fois légèreté et gravité au propos, le piano est d’une fluidité remarquable, la clarinette chante et nous fait fredonner du début à la fin. L’émotion est palpable, il y a du romantisme chez ces musiciens, de la passion transmise dès la première écoute. Souvenons-nous avec eux des belles choses de l’été cet automne, avec ce disque qui incite au rêve, qui plus est si l’on a texte et photo sous les yeux. Avec juste ce qu’il faut de nostalgie pour donner l’impulsion aux prochaines découvertes.

Florence Ducommun


https://www.laeca.net/


  CYRUS CHESNUT . Kaleidoscope

Highnote Records

Cyrus Chestnut  : piano
Eric Wheeler : contrebasse
Chris Beck : drums

Comme Enrico Pieranunzi de ce côté-ci de l’Atlantique, Cyrus Chestnut s’attaque de son côté à la musique classique. Aà Mozart, Debussy, Ravel et Satie. Passés à la moulinette du jazz, les thèmes classiques sont magnifiés dans cet album avec une classe très impressionnante. Mélodique et harmonieux de bout en bout, Chesnut nous fait profiter de son touché percussif et boisé à la fois, accompagné en cela par une rythmique au diapason, précise et judicieuse qui ne contrecarre pas ses envies de liberté. Deux pièces solo sont à noter où le pianiste du Maryland démontre quel formidable passeur d’idées il est. Dans l’ensemble, à tout moment, le timing est impeccable, les couleurs rayonnent dans son phrasé inventif et subtil. Ce trio aime le jazz et sa beauté. Il l’honore avec talent et, par son équilibre, il m’a fait penser à quelques disques de Hank Jones où l’élégance était toujours au rendez-vous avec en sus une joie communicative (que l’on retrouve ici dans une version fort avenante de Smoke on the water). Je n’ai rien à ajouter.

Yves Dorison


http://cyruschestnut.net/


  SHIJIN

Label Alter-nativ/Distribution Socadisc

Jacques Schwarz-Bart : saxophone
Malcolm Braff : piano, claviers
Stéphane Galland : batterie
Laurent David : basse électrique

« Jazz is not dead, it just smell’s funny » (Frank Zappa) avec ces quatre têtes bien faites et bien pleines filigranées sur la pochette du disque. Quatre mousquetaires aux fortes personnalités que sont Jacques Schwarz-Bart (le saxophoniste d’origine guadeloupéenne vivant à Boston dont les derniers projets Jazz Racine Haiti, Créole Spirits et Hazzan nous ont beaucoup fait vibrer), Laurent David (bassiste orienté jazz-rock, repéré au sein du groupe M&T@L et d’Electric Epic de Guillaume Perret entre autres), le bruxellois Stéphane Galland, batteur d’Aka Moon mais pas que, et le suisse Malcolm Braff vivant à Fribourg applaudi sur les scènes du monde entier. Une rencontre bouillonnante entre ces quatre gardiens des points cardinaux symbolisés par le choix du titre Shijin, dont les différentes strates élaborées en différents lieux, ont été ensuite assemblées avec un rare équilibre. Laurent David explique : « On a enregistré basses et batteries à Paris avec Stéphane, qui est venu de Bruxelles. Ensuite je suis allé à Chamonix dans le studio de la Maison des Artistes, avec Malcolm, où il a enregistré tous ses claviers. Et ensuite, je suis allé à Boston enregistrer Jacques, pendant deux jours. Et après, c’est Antoine Delecroix, l’ingénieur son, qui a fait le mixage de son côté ». Le résultat enregistré leur a plu. Les huit compositions toutes différentes par leur style s’assemblent ainsi comme un puzzle sans difficulté, telle la devise « Tous pour un et un pour tous ». Un beau travail collectif qui nous emmène aux quatre coins du monde sans véritable leader, si ce n’est que chacun des musiciens prend plaisir à des chorus correspondant plus à son énergie. Jazz rock pour le bassiste au son toujours un peu sale, envolées du saxophoniste qui nous ravissent, inventivité du pianiste qui a l’art surprenant de trafiquer le son au piano et Fender, présence implacable du batteur. Une énergique fusion de style qui tient du miracle vu la conception du projet, que les concerts vont continuer à construire. On ne s’en lasse pas.

Florence Ducommun


http://www.alter-nativ.fr/label/projects/shijin/