Des dizaines d’enregistrements au compteur. Des groupes multiples, variés et à géométrie variable...
S’il n’est pas désireux d’attacher son propre nom à une formation, même initiée par ses soins, ses enregistrements et formations sont nombreux : "Ce qui m’intéresse, c’est la musique" confie-t-il.
Un des derniers nés en date : Decor-um, en compagnie de la chanteuse Betty Jardin, du pianiste Jean Baptiste Julien, du contrebassiste Patrice Grente et du batteur Pascal Vigier.
Il faut dire que le trompettiste démarre dans la vie sinon en fanfare du moins en big band, celui que son père Jean François Millet anime, et qui sera aussi, le lieu des débuts de Ludivine Issambourg, Patrick Martin, Nicolas Leneveu,, Yannick Benoist, Jean-Baptiste Perez etc...
"J’y ai joué dès l’âge de 11ans et j’étais au conservatoire en même temps. Je m’en suis libéré dès que possible pour devenir un musicien vivant et jouer avec des groupes de tout styles, continuer mon apprentissage sur le tas..."
Ces multiples expériences juvéniles débouchent sur un break à l’âge de vingt ans " pour améliorer ma technique. Mais je n’ai toujours pas fini, 25 ans plus tard, car la trompette est un instrument exigeant...
Ensuite, je reprends parallèlement mon activité musicale et de légères études à l’American School.
Entre 20 et 25 ans, à Paris, j‘étudie et joue du jazz. Je travaille et compose pour une compagnie de cirque moderne, Docteur Paradi, le début de ma passion pour l’écriture. C’était formidable. Tu voyais un numéro, tu écrivais de la musique le soir. Le lendemain, c’était magique quand la musique et le numéro se rencontraient
Ce que j’ai toujours fait, c’est étudier, fouiller et m’immerger.. Le son d’un cuivre c’est comme une voix, il y a tout dedans, ça doit raconter une histoire, son histoire, c’est ce que j’aime dans cet instrument.
Se remettre en question constamment, et surtout pratiquer au quotidien ("Practice, practice..."). "
De retour en Normandie , il forme le groupe Blast ( jazz électro, 2 albums) puis Renza Bô (jazz contemporain, 6 albums), Chromatic Museum (brass band électro) et enfin Ana Kap (6 albums dont deux à sortir en 2021) qui est aussi mon groupe pour lequel je compose.
Ana Kap, trio trumpette, violon, accordéon et à venir un enregistrement en compagnie du quatuor à cordes macédonien avec le pianiste Dzijan Emin. " Une belle aventure et une musique originale qui pourrait ressembler à du Piazzola et du Bartok. Nous l’avons enregistré au Philarmonique de Skopje en début 2020". Un autre album d’Ana Kap a été enregistre à Toulouse en septembre dernier. Il est dédié à l’image sur le thème de l’insouciance.
Dans les dates à retenir également, des plus proches aux plus lointaines, citons la sortie phonographique en cette fin d’année du « concert spectacle » enregistré avec le [Surnatural Orchestra-] (« Choc » du mois de décembre dans Jazz Magazine) tandis que trois projets sont annoncés : un programme concert "Après Z", un second avec des circassiens et enfin un troisième avec les films du cinéaste suédois Roy Anderson. On retiendra enfin (?) un CD, Profondo Scorpio avec le quartette éponyme de Samuel Frin ainsi qu’une tournée avec le pianiste palestinien Faraj Suleiman, "un poète militant et un pianiste atypique qui mêle la pop, le jazz actuel et la musique arabe". Un disque sort ce mois-ci réalisé avec un ami écrivain palestinien qui vit à Berlin
Et pour l’année à-venir : concerts avec Hand Five, disque avec le quintet du saxophoniste new-yorkais Alexandre Madeline....
Des trompettistes avant tout, comme il se doit mais pas seulement. "Dave Douglas dont je me sens le plus proche pour sa créativité et son ouverture, sa palette sonore, ses nuances". Sans oublier, Chet Baker "qui m’a toujours accompagné. Même si je suis loin de son jeu ; son calme intérieur, sa musicalité pure, ses respirations et sa simplicité en font, pour moi, un musicien inexplicable et irrationnel". Un compositeur également, George Russell, "avec ses constructions aboutissant à un résultat harmonique très original. Il est l’un des compositeurs américains les plus modernes des années 50...". Enfin le concert choc de son adolescence, le trio Liebman/Gomez/Moses : "Il n’y a pas de mots pour définir cela. Oui, ce concert fait partie de mes influences".
Last but not least, Décor-um, bien sûr, tout récemment enregistré sur le Petit Label dont la réputation n’est plus à faire (Culture jazz, ici et là ) avec pour co-auteurs, le trompettiste et la chanteuse elle-même : "L’histoire de Decor-um, c’est un projet commun avec la chanteuse Betty Jardin. J’ai écrit la musique sachant que Betty ferait la voix. La voix est parfois utilisée comme un deuxième instrument monophonique. Une voix pop sur du jazz, c’est le projet. Et nous avons invité de très bons amis musiciens".
Ainsi, le pianiste Jean Baptiste Julien, déjà dans le groupe Blast qui s’est depuis lors frotté au spectacle vivant mais aussi au cinéma, le contrebassiste Patrice Grente, familier des musiques improvisées et le batteur, compagnon de longue date Pascal Vigier, (par ailleurs créateur, il y a plus d’une décennie, du Petit Label avec le contrebassiste Nicolas Talbot.).
Quant à la chanteuse, elle apporte les expériences vécues en Inde plus de dix ans durant : " Pendant les quatre premières années, je me suis formée en Bathatanatyam et en chant carnatique, danse et chant classique du Sud de l’Inde, dans une école située à la frontière du Kerala et du Karnataka. Ensuite, je m’installe à Madras où je poursuis mes études et commence à travailler en tant que musicienne et professeure de musique."
Decor-um est l’occasion d’un travail technique original entre chant et voix : "Avec Pierre, nous procédions pièce par pièce. La voix, par exemple dans "Yellow Box" devait intervenir par apparitions soit en premier soit en second plan."
Discographie
Superforma chez Klarthe
www.klarthe.com
Decor-um, Ana Kap, Renza Bô, Blast , Hand Five, S’il te plaît Madame chez le Petit label
www.petit.label.com
Blast chez Eklektik Rekords
www.discogs.com
Surnatural Orchestra Tall man was here
www.surnaturalorchestra.bandcamp.com